Les prestataires de services financiers comprennent-ils vraiment les besoins et les préoccupations des membres des groupements d’épargne au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda ?
Le rapport de 2016 sur le réseautage (State of Linkage Report) a révélé que 40% des prestataires de services financiers (PSF) offrant actuellement des produits d’épargne et de crédit aux groupements d’épargne (GE) dans le monde entier sont basés au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda. Avec une population totale de GE estimée à 3,5 millions, les PSF de ces trois pays reconnaissent certainement le potentiel de ce marché, mais dans quelle mesure comprennent-ils les besoins et les préoccupations des personnes qu’ils souhaitent atteindre ?
Les PSF peuvent obtenir des informations utiles à partir des nouvelles perspectives des GE (ceux qui sont connectés ou non aux banques). Ces informations ont été recueillies à travers des études rapides à petite échelle menées au sujet de la demande au Ghana, en Tanzanie et en Zambie par Savings at the Frontier (SatF) ainsi que des feedbacks donnés par des femmes des Associations villageoises d’épargne et de crédit (AVEC) (Village Savings and Loans Associations (VSLAs) au Kenya pendant le sommet du réseautage des groupements d’épargne de l’Afrique de l’Est organisé par CARE Afrique de l’Est et centrale (CARE East and Central Africa) en décembre 2016.
Pourquoi les gens deviennent-ils membres des groupements d’épargne ?
La plus grande motivation de tous les membres des GE interrogés dans le cadre des études SatF pour l’établissement de relations avec les PSF formels est le renforcement de la sécurité de leurs liquidités. Au Ghana, nous avons appris qu’une trésorière d’un GE a trouvé une note sous sa porte l’informant qu’elle allait être volée. Elle s’est précipitée, toute terrifiée, pour enterrer la cagnotte dans un champ à proximité, mais heureusement le vol n’a pas eu lieu. De même, l’un des membres kenyans de l’AVEC a dit qu’il a gardé « jusqu’à 4 000 USD sous le lit ». La peur et l’expérience terrifiante de la possibilité de perdre l’argent gagné à la sueur du front est un facteur important qui pousse les membres des GE à déposer leurs sous en banque.
Une autre raison exprimée par les membres d’un GE interrogés par l’équipe de SatF est les intérêts gagnés sur les excédents épargnés. Toutefois, nous avons constaté un certain degré d’ignorance, et par conséquent de confusion, dans le calcul des intérêts ; alors que les groupements font leur calcul sur une base mensuelle, les banques le font sur une base annuelle.
Les études de pays de SatF révèlent que le simple fait de faire partie d’un groupement instille chez les membres la discipline d’épargner. De même, les membres kenyans de l’AVEC ont indiqué que le réseautage leur a permis d’améliorer leur discipline d’épargne, ce qui les a aidés à mieux planifier leur avenir.
Pourquoi les membres des groupements d’épargne n’utilisent-ils pas vraiment les banques ?
Dans les trois études de pays de SatF, les membres des GE ont indiqué qu’ils n’utilisent pas les banques parce qu’ils pensent qu’ils n’ont pas suffisamment d’argent à épargner. La bureaucratie bancaire est également perçue comme un obstacle majeur par rapport aux procédures plus simples des GE. De même, au Kenya, les membres de l’AVEC ont dit que « la multitude des paperasses », les dissuade d’utiliser les banques.
Au Ghana, nous avons constaté qu’il est plus difficile de se rendre physiquement dans les banques qu’en Tanzanie et en Zambie et cela demeure un défi majeur pour les membres des GE qui sont le plus souvent éloignés des réseaux bancaires. Un autre obstacle est l’ignorance des produits et services officiels.
Les femmes avec lesquelles nous avons parlé au Kenya ont identifié d’autres défis de réseautage tels que :
Le rôle de catalyseur de la technologie
La technologie continuera d’être un catalyseur important du réseautage. L’accès aux téléphones mobiles est généralisé dans les trois pays de l’étude SatF, mais l’abonnement pour le mobile money varie considérablement. En Zambie (4,5% selon FinScope 2015) il est faible par rapport aux membres des GE interviewés au Ghana et en Tanzanie où il est de 32% et 85% respectivement. L’expérience des femmes kenyanes en matière de technologie, notamment du mobile money, montre qu’elle facilite l’accès, réduit les coûts, améliore la tenue des registres, la transparence et (dans un cas) facilite le calcul fiable des parts sur la base des saisies électroniques.
Une gamme limitée de produits
Pour ce qui est des produits destinés aux membres des GE, les femmes ont indiqué, au Kenya, que la plupart des banques ne leur permet que d’avoir des comptes d’épargne. Une seule banque avait offert un petit prêt à un groupement. Elles signalent toutefois que les banques ont fait des efforts pour réduire les obstacles d’adhésion, par exemple, elles ne facturent pas les frais de tenue de compte et n’imposent pas un solde minimal.
Les enseignements pour les banques
Sur cette base, nous pensons que les banques peuvent tirer un certain nombre d’enseignements qui contribuera au succès de leurs relations futures avec les GE. Il leur faudra notamment :
Ian Robinson est un consultant indépendant et George Muruka est un consultant principal chez MicroSave Consulting, Nairobi. Ils forment l’équipe chargée de l’aspect demande du programme Savings at the Frontier.
Savings at the Frontier est un partenariat de 17,6 millions de dollars entre Oxford Policy Management et The MasterCard Foundation. Son objectif est d’élargir la gamme de produits et services financiers disponibles pour les pauvres au Ghana, en Tanzanie et en Zambie en procédant à des tests et en mettant en œuvre des modèles commerciaux qui offrent de manière durable ces produits et services aux groupements d’épargne et à d’autres mécanismes d’épargne informels. Pour des informations supplémentaires veuillez consulter le lien : link
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