MSC a réalisé une étude sur le besoin d’intégration et d’interopérabilité des services financiers pour les pauvres. Son objectif était de mieux comprendre les attentes des populations pauvres des zones urbaines et rurales, d’évaluer les opportunités commerciales pour les banques et les exploitants de réseaux de correspondants bancaires, de mettre en lumière les avantages de ce canal pour l’État, et enfin de cerner les enjeux du côté de l’offre. Cet article présente les principales conclusions et recommandations du rapport présenté dans le cadre de cette étude.
Rapport par Puneet Chopra, Nitish Narain, Abhay Pareek, Nishant Kumar, Sharad Bangari, Sonal Agrawal, Akhilesh Singh, Ritika Srivastava et Anurodh Giri, juillet 2012
L’inclusion financière des populations sous-bancarisées et non bancarisées en Inde est un axe d’intervention majeur pour le ministère des Finances, la Banque centrale et les banques. Si le modèle du correspondant bancaire (business correspondent en anglais) tend à s’imposer comme modèle prédominant pour étendre la portée des services financiers, il n’a à ce jour pas encore répondu aux attentes des différentes parties prenantes. La lenteur et les limitations auxquelles se heurte son développement alimentent le débat sur l’interopérabilité. Un nombre croissant d’acteurs estime que l’intégration et l’interopérabilité des services bancaires et des autres services financiers fournis par l’intermédiaire des correspondants bancaires (CB) est une condition sine qua non pour l’adoption à grande échelle de ce canal, voire pour sa survie.
Pour éclairer le débat et formuler des recommandations, MicroSave Consulting (MSC) a réalisé une étude sur le besoin d’intégration et d’interopérabilité des services financiers pour les pauvres. Son objectif était de mieux comprendre les attentes des populations pauvres des zones urbaines et rurales, d’évaluer les opportunités commerciales pour les banques et les exploitants de réseaux de correspondants bancaires (ERCB), de mettre en lumière les avantages de ce canal pour l’État, et enfin de cerner les enjeux du côté de l’offre.
Principales conclusions
Les consommateurs ruraux ont des besoins complexes en matière de services financiers et une préférence marquée pour les CB comme canal de distribution, en particulier pour épargner, toucher les prestations sociales versées par l’État et recevoir les transferts d’argent. En raison de l’absence d’interopérabilité de ce canal, ils n’ont pas accès à la plupart des services auxquels ils aspirent.
Le principal besoin exprimé par les consommateurs urbains sous-bancarisés ou non bancarisés concerne les services de transfert d’argent (y compris interbancaire), suivi par les services de dépôt et de retrait d’espèces. Une grande part des consommateurs urbains pauvres n’est pas en mesure d’utiliser efficacement les services des CB, faute d’une plus grande intégration avec les services bancaires classiques.
Pour les banques et les ERCB, l’intégration et l’interopérabilité des canaux et des systèmes de back-end présentent un immense potentiel de rentabilité. Elles permettraient notamment d’accéder à un vaste pan du marché des transferts d’argent aujourd’hui largement sous-exploité, mais aussi de servir les segments un peu plus aisés et les microentreprises.
Du côté de l’offre, les ERCB de 2e et 3e génération sont convaincus de la nécessité d’une intégration et d’une interopérabilité accrues ; pour nombre d’entre eux, c’est une condition indispensable à la croissance, comme en témoignent d’autres canaux comme les GAB ou les systèmes de paiement électronique.
En l’absence d’une approche normalisée, le secteur se caractérise par une multiplicité d’initiatives parallèles qui nuisent à l’objectif d’intégration.
Synthèse des recommandations
Pour que le modèle de correspondant bancaire développe des bases solides, il faut établir un environnement propice. Les demandes multiples et parfois contradictoires adressées aux banques et aux ERCB par les différentes autorités ont créé une instabilité qui conduit à des modèles sans vision à long terme et à une multiplication de solutions différentes.
Il est urgent de réaliser l’intégration du canal des CB dans l’écosystème des canaux bancaires classiques, qui passe par plusieurs mesures, notamment la possibilité pour les CB d’opérer des transactions pour plusieurs banques différentes.
Une vaste majorité de bénéficiaires ruraux souhaitent pouvoir percevoir leurs prestations sociales par le biais des CB. L’ampleur de cette demande doit convaincre l’État de se fier davantage aux banques (et au canal des CB) pour la distribution des allocations.
Les décideurs politiques et le régulateur doivent coopérer pour mettre en place des normes uniformes et prévenir la prolifération des solutions technologiques non interopérables. Il faut tirer parti des normes existantes éprouvées qui permettent de réaliser des économies d’échelle. La normalisation doit, dans une large mesure, être dictée par les forces du marché.
Il est essentiel de s’attacher davantage à la protection des consommateurs. Par rapport aux services bancaires en agence ou à d’autres canaux alternatifs comme les guichets automatiques ou la banque en ligne, le canal des correspondants bancaires n’est pas encore suffisamment solide du point de vue du contrôle des risques, de la gestion de la fraude et de la protection des clients. Autant de dimensions susceptibles d’être renforcées par l’intégration du canal des CB.
Pour lire l’intégralité du rapport (en anglais), veuillez cliquer ici.
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