Poupette Illunga est l’une des premières femmes agents pour un établissement financier en République Démocratique du Congo, dans la commune de Mont-Ngafula, non loin de Kinshasa. L’importance de son rôle est renforcé par le fait que seulement 8% des entreprises formelles sont dirigées par des femmes. Au début, elle était emprunteuse auprès de l’établissement. On lui a ensuite proposé de devenir agent. Elle a accepté d’investir dans ce métier. Après avoir ouvert un compte avec un fond de 1000$, elle a été enrôlée, formée, a reçu un terminal de paiement électronique (TPE) et a bénéficié d’une journée de sensibilisation en marketing dans son quartier pour attirer les clients.
Si jusqu’ici Poupette Illunga a eu un bon nombre de clients c’est qu’elle est la seule à avoir son offre, le deuxième point de vente est à presque 3 km de chez elle. Mais c’est aussi car elle a réussi à fidéliser ses clients.
Elle met en oeuvre des actions marketing en allant proposer aux professeurs des écoles de son quartier d’adhérer à l’offre de cet établissement financier, afin de commencer à être payé via leurs comptes ainsi qu’aux habitants de son quartier, dans le but de maximiser ses commissions. Ces actions ont également le potentiel de favoriser l’inclusion financière d’autres femmes car elles sont moins mobiles.
« Comme avantage cela me permet d’avoir en permanence de l’argent liquide en main, même si cela ne m’appartient pas. Cela me permet d’exercer une autre activité de change de monnaie de franc en dollar ou de dollar en franc. C’est avantageux aussi pour moi parce qu’à partir de ce métier j’ai connu beaucoup de gens, et j’ai acquis le respect de la population de ce quartier. »
Malheureusement, Poupette Illunga, est aujourd’hui découragée par son métier car cela ne lui rapporte plus d’argent. Son plus grand défi est la baisse de la clientèle. Selon elle, depuis que l’établissement a adopté le système des frais de tenue de compte clients, nombreux d’entre-deux se sont désintéressés et n’utilisent plus leurs comptes régulièrement pour les retraits et les dépôts. Les comptes sont devenus comme des comptes courants donc beaucoup moins intéressants.
Par ailleurs, elle ne se sent pas en sécurité: exposée aux risques de cambriolage elle a peur pour elle et pour sa famille. Il n’y a pas de système d’assurance contre le vol, donc si cela arrive elle serait obligée de rembourser l’argent volé.
Poupette Illunga est performante dans son activité, elle a un bon potentiel mais regrette de ne pas être plus accompagnée par l’établissement sur la durée pour attirer de nouveaux clients.
Son témoignage met en évidence les nombreuses opportunités offertes aux fournisseurs afin de renforcer leurs relations en renforçant leur accompagnement qu’il soit marketing ou assurantiel mais aussi sa proposition de valeur qui ne semble plus correspondre à la réalité des clients.
Si les fournisseurs, saisissent cette opportunité, et adaptent leur accompagnement à travers plus de formation, plus de support et de meilleurs commissions, ils pourraient s’appuyer sur le potentiel des femmes, qui bien accompagnées ont su montrer qu’elles sont un outil de changement positif et d’inclusion financière. En effetil a été démontré que non seulement, les femmes agents parviennent à attirer plus de clientèle féminine et qu’elles ont la réputation d’être plus fiables, or la confiance est à la base des transactions financières.
Nous avons conduit un certain nombre de recherche sur le terrain pour approfondir cette question de l’état des réseaux d’agents. La dernière recherche terrain fut conduite en RDC et les résultats de la recherche sont disponibles ici.
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