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Conseils de survie pour les start-ups, inspirés de Bear Grylls

  • user by Rebecca Szantyr
  • time Apr 22, 2020
  • calendar 9 min

Dans sa série intitulée « Seul face à la nature », l’aventurier globe-trotteur et amoureux de la faune sauvage, Bear Grylls, utilise des techniques de survie inhabituelles pour se sortir de situations difficiles. Les environnements présentés sont soit complètement inconnus, soit différents de ceux dont les gens ont l’habitude. La plupart d’entre nous sommes généralement peu préparés à relever les défis posés par ces environnements inhospitaliers. Bear Grylls fournit des conseils de survie qui peuvent s’avérer utiles pour faire face à des scénarios imprévus de cette nature.

Conseils de survie pour les start-ups, inspirés de Bear Grylls

Sunil Bhat, avril 2020

Dans sa série intitulée « Seul face à la nature », l’aventurier globe-trotteur et amoureux de la faune sauvage, Bear Grylls, utilise des techniques de survie inhabituelles pour se sortir de situations difficiles. Les environnements présentés sont soit complètement inconnus, soit différents de ceux dont les gens ont l’habitude. La plupart d’entre nous sommes généralement peu préparés à relever les défis posés par ces environnements inhospitaliers. Bear Grylls fournit des conseils de survie qui peuvent s’avérer utiles pour faire face à des scénarios imprévus de cette nature. 

Le COVID-19 a plongé le monde des start-ups dans un chaos similaire. Quel que soit leur stade de développement, elles connaissent aujourd’hui leur baptême du feu. L’ampleur de cet événement exceptionnel remet en cause la survie même de ces entreprises et de leurs stratégies. Unique en son genre à l’échelle des cent dernières années ou plus, il a pris le monde des start-ups par surprise. Le COVID-19 a mis la planète à genoux avec un impact quasi-simultané sur un grand nombre de pays, sous forme de lockdowns sans précédent imposés par les pouvoirs publics, d’un grand nombre de décès, de l’interruption de l’activité des entreprises et de pertes d’emplois. Le fait que les économies du monde ne soient plus déconnectées a contribué à aggraver la situation. 

Malheureusement, pour faire face à ce chaos, les start-ups n’ont pas de précédent ou de mode d’emploi auquel se référer. Elles n’ont que quelques paroles d’experts qui ajoutent à la confusion. Pour le monde des start-ups, cette période difficile risque d’avoir un impact considérable sur leur activité, et en fin de compte, sur leur survie. Faisons quelques parallèles avec les conseils de Bear Grylls pour survivre dans ces conditions difficiles. 

Bear Grylls au sommet de l’Everest en 1998 à l’âge de 23 ans, le plus jeune britannique à avoir atteint le sommet à l’époque (crédit : Bear Grylls Ventures)

Protégez vos réserves : préservez votre trésorerie et faites-la durer plus longtemps

Dans les situations de crise, Bear s’efforce de tirer le meilleur parti de réserves limitées et les conserve pour faire face aux imprévus. Durant cette période pendant laquelle il est difficile de savoir quand la vague reculera, les start-ups devraient noter les recommandations suivantes : 

  • Préservez votre trésorerie : les liquidités seront une denrée rare à court et moyen terme ; 
  • Reportez à plus tard toute dépense exceptionnelle, du type déménagement dans de nouveaux bureaux ; 
  • Mettez le frein aux recrutements et embauchez des personnes capables d’endosser plusieurs casquettes, comme par exemple un financier qui comprend le marketing ; 
  • Repoussez les échéances en les multipliant au moins par deux (3 mois à 6 mois, 6 mois à 12 mois, etc.) ;
  • Renégociez les contrats avec vos fournisseurs et prestataires, parce que vos clients feront la même chose ; 
  • Faites attention entre autres aux récompenses sous forme de cash-back (remboursements) ou de points ; 
  • Abandonnez les projets de lancement de produit qui nécessitent beaucoup de recherche et des coûts de développement élevés ; concentrez-vous à la place sur des produits qui n’exigent que des dépenses graduelles ;
  • Suivez l’adage « equity for capex, debt for opex and working capital » (fonds propres pour les dépenses d’investissement, dette pour les dépenses d’exploitation et le fonds de roulement). Il est possible que pour des start-ups de plus petite taille, les fonds propres soient la seule option possible. De plus, beaucoup de start-ups n’ont pas de règles précises concernant le capital ou la dette, les fonds étant de tout façon fongibles ; 
  • N’accumulez pas de stocks, car cela immobilise du capital ; repensez vos processus pour réduire votre besoin en fonds de roulement ;
  • Élaborez des stratégies fondées sur l’analyse de scénarios de risque. 

N’importe quelle eau est meilleure que pas d’eau du tout : recherchez des fonds quelle que soit leur source, institutionnelle ou individuelle 

Vous auriez dû voir Bear chercher toutes les sources possibles d’eau potable, qui est un élément vital dans les situations de détresse. De la même manière, les start-ups ont besoin d’être à l’affût de toutes les sources possibles de financement. Tout le monde sait que les sources de financement s’assècheront, tout au moins à court terme, car la plupart des investisseurs auront des inquiétudes quant à leurs portefeuilles et préféreront attendre avant de prendre des décisions. De plus, les garanties de portefeuille en premières pertes (FLDG – First Loss Default Guarantees) des banques ou des sociétés financières non bancaires (SFNB) risquent de se rapprocher de la barre des 100 %, ce qui pourrait mettre les start-ups prêteuses dans une situation difficile. Voici quelques moyens pour rester hydraté : 

  • Recherchez des investisseurs à impact social ;
  • Essayez de vous procurer des financements de faibles montants auprès de multiples sources ;
  • Étudiez les possibilités de financement participatif ou communautaire (crowdfunding), surtout pour les start-ups du secteur social ; 
  • Recherchez des investisseurs individuels, y compris auprès de la famille et des amis (tout en ayant conscience des implications sociales de cette solution : perte de contrôle, népotisme, fournisseurs imposés, avec en plus le risque de perdre la face et des amitiés si les choses devaient mal tourner) ;
  • Soyez prêt à payer une FLDG plus élevée pour continuer de faire tourner l’entreprise en la renégociant dès que la situation semble s’améliorer.

Méfiez-vous des pièges : faites attention aux nouveaux partenaires ou aux nouvelles relations – tout le monde est à l’affût d’un profit rapide 

Bear fait toujours extrêmement attention aux pièges et autres trappes placés par les chasseurs dans la nature. Un simple moment d’inattention peut causer des dégâts irréparables. Dans ces moments difficiles, il est facile pour les start-ups de se laisser tenter par des partenariats qui risquent de leur porter tort à plus long terme. Elles doivent donc éviter de prendre des décisions qui pourraient leur coûter cher à l’avenir ( « penny-wise, pound-foolish » en anglais). Voici quelques conseils rapides pour éviter ce genre de pièges : 

  • Procédez à des vérifications approfondies (« due diligence ») concernant tout nouveau partenaire ou prestataire ;
  • Procédez à des vérifications approfondies (« due diligence ») avant de diluer le capital et lisez attentivement tous les covenants ;
  • Négociez ferme et assurez-vous d’obtenir ce que vous souhaitez. Cela s’applique principalement aux investissements de type CAPEX (immobilisations) ;
  • Faites preuve de prudence lorsque vous ouvrez le capital à de nouveaux actionnaires/associés : diluer votre participation au prix de votre vision n’est pas forcément une bonne affaire ; 
  • Faites preuve de prudence lorsque vous négociez des FLDG avec des SFNB de petite taille ; vous courez le risque d’avoir un rendement plus faible en prenant davantage de risques. 

Appuyez-vous sur vos outils : reposez-vous sur vos principaux collaborateurs, ils sont vos ressources les plus précieuses 

Bear se repose beaucoup sur son kit de survie, qui contient un peu de tout : des pinces, une lampe de poche, des couteaux, des cordes… Il est important de garder ces outils en bon état pour survivre dans le monde sauvage. Combien de start-ups considèrent leurs collaborateurs comme les ressources/outils sur lesquels elles peuvent s’appuyer ? Dans une période comme celle que nous vivons, il est nécessaire de retenir les collaborateurs les plus précieux. Il faut couper dans le gras (dépenses discrétionnaires) et conserver le muscle (les collaborateurs de valeur). Quelques conseils :

  • Communiquez avec vos collaborateurs sur les difficultés rencontrées et les voies de sortie ; tenez-les au courant de toutes les décisions importantes pour gagner leur confiance ; 
  • Parlez sans cesse de la fameuse « lumière au bout du tunnel » – c’est indispensable car beaucoup de salariés ont du mal à conserver un état d’esprit positif, ce qui affecte leur performance, leur motivation et leur volonté de s’investir ;
  • Faites preuve d’empathie vis-à-vis de vos collaborateurs, ce qui contribue grandement à cimenter les relations ; 
  • Faites preuve de leadership responsable vis-à-vis de vos bailleurs de fonds, vos clients et vos investisseurs – cela renforcera votre réputation auprès de l’équipe ;
  • Offrez par exemple des opportunités de formation en ligne ou de certification, si vous en avez le temps et les ressources ;
  • Déléguez les responsabilités et demandez à vos collaborateurs de livrer des batailles proportionnées à leurs capacités, en saluant chaque victoire ; 
  • Motivez, soutenez et autonomisez votre équipe.

Soyez agiles : restez à l’écoute

L’agilité est fondamentalement la capacité à prendre des décisions rapides. Bear montre lui aussi que l’agilité dans un environnement étranger est payante. Se méfier de ses arrières permet d’éviter les attaques inattendues. Les principes de l’agilité (boucle OODA) sont d’autant plus importants pour les start-ups dans ces périodes d’incertitude. 

Source : The Essence of Winning and Losing, John R. Boyd

Les spécialistes indiquent que les start-ups doivent rester agiles en permanence. Le développement agile fait partie du lean management recommandé à toutes ces entreprises. En ces temps difficiles, les start-ups peuvent avoir intérêt à suivre les points suivants : 

  • Restez à l’affût des indices/informations dans les médias sociaux ; 
  • Guettez les changements apportés aux directives, réglementations et politiques ; 
  • Guettez les changements relatifs aux allègements fiscaux et aux dates de déclaration ; 
  • Soyez en contact relativement fréquent avec vos clients – essayez de comprendre leurs « points de friction » et prévoyez d’ajuster votre offre en conséquence ; 
  • Surveillez l’évolution des marchés financiers et celle de la situation financière de votre pays ; 
  • Gardez un œil sur le comportement des autres start-ups et examinez comment elles réduisent leurs coûts, lèvent des fonds et gardent le contact avec leurs clients.

Faire du sport et méditer : protéger sa santé

Dans la nature, Bear Grylls est fort, rapide et coordonné. Cela n’est possible que grâce à un régime alimentaire équilibré et à un entraînement rigoureux. Pourtant, cet aspect est souvent la dernière recommandation faite aux start-ups. L’aventure d’une start-up est exigeante et les taux de burn-out sont relativement élevés. Dans les périodes éprouvantes comme celle que nous connaissons aujourd’hui, le rythme de burn-out est encore plus rapide et parfois irréversible. Le souci de maintenir la start-up en activité tout en apportant des réponses aux parties prenantes internes et externes peut engendrer des niveaux extrêmes de stress. Pour rester en forme, les promoteurs de start-ups ont besoin de veiller à leur bien-être et de consacrer du temps à la méditation et à des exercices de routine. 

Comme dit la maxime : ce n’est pas un sprint, mais un marathon. En temps normal, le développement de votre entreprise est à la fois un sprint et un marathon. Aujourd’hui, le COVID-19 remet tout le monde sur la ligne de départ.

Les crises et les difficultés continueront de mettre à l’épreuve les start-ups. Qualifiée à juste titre de « cygne noir » (un événement extraordinaire et imprévu), la crise du COVID-19 est néanmoins d’une toute autre ampleur et il faudra probablement du temps pour identifier des solutions qui permettront d’en gérer les conséquences. 

Cela étant dit, certaines start-ups sont bien déterminées à faire de cette crise une opportunité. Comme Bear, qui fabriquait des radeaux et utilisait des rapides pour accélérer ses voyages, certaines start-ups partenaires de MSC profitent de cette situation pour offrir des produits d’assurance qui protègent leurs clients contre COVID-19. D’autres prévoient de digitaliser complètement leurs opérations/processus pour réduire leurs coûts et être plus efficientes. Il ne faut pas non plus oublier que certaines start-ups célèbres qui dominent le marché aujourd’hui, comme par exemple Uber, Airbnb, Square ou WhatsApp, ont vu le jour pendant la crise économique mondiale de 2008 ou peu de temps après. 

MSC travaille actuellement à une étude multi-pays consacrée aux start-ups pour mieux comprendre l’impact potentiel du COVID-19 sur ces entreprises. Dans nos articles à venir, nous évoquerons leurs difficultés et celles de leurs clients finaux, ainsi que les stratégies qu’elles pourraient adopter à court terme et long terme. Continuez à nous suivre pour de nouvelles aventures ! 

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