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Une pomme par jour ne suffit pas : l’importance d’une alimentation variée

Sur la base d’une étude réalisée par MSC en août 2019, qui avait pour but d’évaluer les carences nutritionnelles des ménages bénéficiaires du PDS, cet article fait ressortir l’importance d’intégrer des aliments locaux et variés au régime alimentaire des bénéficiaires.

Une pomme par jour ne suffit pas : l’importance d’une alimentation variée

Neha ParakhPuneet KhandujaMitul Thapliyal et Vijay Ravi, janvier 2020

En juillet 2019, MSC a entrepris une étude qui avait pour but d’évaluer les carences nutritionnelles des ménages1 bénéficiaires du Public Distribution System (PDS).2 L’étude a été réalisée dans le district de Ranchi dans l’État du Jharkhand et dans le district de West Godavari de l’État de l’Andhra Pradesh en Inde. Les personnes interrogées dans le cadre de l’étude étaient des femmes, qui appartenaient pour la plupart à des ménages au sein desquels le principal soutien de famille était un travailleur journalier effectuant des travaux pénibles.3 L’étude révèle que la population ciblée a une alimentation qui manque cruellement de diversité.4

Les personnes interrogées indiquent que les céréales de base telles que le riz ou le blé représentent une grande partie de leur consommation alimentaire quotidienne, avec peu ou pas de légumineuses, légumes, de viande ou de fruits. La plupart d’entre elles ne consomment même pas de produits laitiers.

Plusieurs facteurs socio-économiques expliquent le manque de diversité du régime alimentaire des personnes interrogées. Le principal problème est la disponibilité et le coût des aliments. La production laitière est par exemple peu répandue dans la région où nous avons réalisé notre étude et beaucoup de fruits et légumes ne sont pas cultivés localement. Malgré l’existence d’alternatives alimentaires peu coûteuses sur les marchés locaux, les personnes interrogées n’avaient pas conscience de leur importance nutritionnelle.

Dans le tableau ci-dessous, nous comparons les apports nutritifs du régime alimentaire le plus courant à ceux d’une alimentation qui intègre des produits locaux.

Remarque : tous les chiffres sont calculés sur la base de recettes standard telles que décrites par l’Institut national de la nutrition (NIN).

* Le remplacement des pommes de terre par des légumes verts locaux augmenterait encore plus les apports nutritifs, même si c’est seulement trois fois par semaine.

# Le jawa est une boisson saine fabriquée à partir de ragi (Eleusine coracana ou millet coracan), également appelée bière de ragi.

Ce tableau fait ressortir toute l’importance d’intégrer différents aliments locaux5 dans l’alimentation.

Il est en effet nécessaire de consommer des aliments variés pour profiter de leurs avantages nutritifs respectifs. Les aliments disponibles localement représentent une option accessible et peu coûteuse pour améliorer les résultats nutritionnels sans modifier les habitudes alimentaires de la communauté. Par exemple, le remplacement du riz par du roti (pain sans levain) et des pommes de terre par des œufs, en ajoutant également du mil, pourrait apporter 404 kcal d’énergie supplémentaire avec 18 g de protéines supplémentaires, deux fois plus de matières grasses, 412 mg de calcium, 10 g de fer, 152 g de magnésium, 5 mg de zinc et 51 µg d’acid folique en plus. Les conséquences nutritionnelles seraient certainement substantielles si ces changements étaient adoptés de façon régulière au niveau des ménages.

Le système actuel de PDS est en grande partie responsable du manque de diversité de l’alimentation des bénéficiaires. Il représente en moyenne 40 %6 des céréales alimentaires7 consommées par ces derniers. MSC recommande que le gouvernement central et les gouvernements locaux travaillent de concert à la mise en œuvre de changements de politique pour remédier à ce problème. Il est nécessaire de regarder au-delà de la faim pour mettre également l’accent sur la nutrition. Les programmes existants qui touchent une large population, comme par exemple le PDS, les Services intégrés pour le développement de l’enfant (ICDS), et l’initiative « Mid-day Meal » (MDM : repas de midi), devraient être utilisés pour promouvoir la diversité alimentaire. Les pouvoirs publics devraient envisager d’ajouter des produits locaux aux paniers du PDS, comme par exemple des mils ou des légumineuses, car ils coûtent moins cher et contiennent davantage d’éléments nutritifs.

La disponibilité et le coût des aliments sont les principaux critères qui influencent les choix alimentaires. Les gouvernements des différents États devraient s’inspirer de l’expérience de l’Andhra Pradesh et des quelques autres États qui offrent un éventail plus large d’aliments dans leurs paniers PDS. Cela ne pallie toutefois que les problèmes liés à l’offre. Les connaissances nutritionnelles8 sont donc essentielles pour garantir l’adoption d’aliments plus variés dans les paniers PDS. Les pouvoirs publics ont un rôle décisif à jouer pour améliorer la connaissance de la nutrition en concevant des campagnes de sensibilisation et des « coups de pouce » (ou encouragements) comportementaux pour favoriser une meilleure compréhension de la diversité alimentaire. Nous examinons les aspects du PDS liés à la demande dans un autre article de cette série.

Des apports nutritifs adéquats sont indispensables à une bonne santé. Une personne en bonne santé est plus productive, va moins souvent chez le médecin et a moins besoin de compléments alimentaires. Une bonne nutrition dans le cadre d’un régime alimentaire diversifié produit des effets en cascade : les femmes qui ont une alimentation équilibrée ont plus de chances de donner naissance à des enfants en bonne santé, ce qui prépare le terrain à une enfance en bonne santé. De la même manière, une famille qui a une alimentation équilibrée est davantage susceptible d’être en forme pour travailler, d’être heureuse et de prospérer tout en économisant des sommes significatives en soins de santé.

La diversification de l’alimentation n’est pas un concept compliqué : il s’agit de consommer des aliments variés pour garantir un apport adéquat de différents macronutriments et micronutriments, ce qui se traduit par une vie en meilleure santé.9 Une alimentation équilibrée n’a pas besoin d’être une alimentation coûteuse ou luxueuse. La diversité peut parfaitement provenir d’aliments disponibles localement ou de la consommation de plats traditionnels. Des changements même limités dans les choix alimentaires quotidiens peuvent améliorer les apports nutritifs pour un coût faible ou inexistant.

Références

  1. Guide pour mesurer la diversité alimentaire au niveau du ménage et de l’individu, FAO, 2013
  2. Le PDS couvre plus de 800 millions de personnes dans tout le pays.
  3. Les travaux pénibles désignent le travail manuel et les activités physiques intenses, comme par exemple labourer à la main, couper du bois, transporter des charges importantes ou courir. Les apports nutritifs recommandés pour les adultes dépendent de la nature du travail effectué.
  4. La diversité alimentaire est définie comme le nombre d’aliments ou de catégories d’aliments consommés sur une période de référence donnée.
  5. Pourquoi nous avons besoin de bien manger, FAO, 2004
  6. 40 % est la part des céréales du PDS dans la consommation moyenne mensuelle de céréales des bénéficiaires.
  7. Les céréales forment la base de tous les repas en Inde. Le terme « céréales alimentaires » désigne le riz, le blé, les légumineuses et les différentes espèces de mil (ou millet).
  8. Les connaissances nutritionnelles reflètent la mesure dans laquelle les personnes ont la capacité de se procurer, de lire et de comprendre des informations nutritionnelles de base.
  9. Dietary diversity is associated with child nutritional status [La diversité alimentaire est associée au statut nutritionnel de l’enfant]: Oxford academic, 2004

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