Comment la révolution numérique peut-elle contribuer au succès de l’agriculture sénégalaise ?

Comment la révolution numérique peut-elle contribuer au succès de l’agriculture sénégalaise ?

Par Adama Diaby, Walid Gaddas, Décembre 2022

Par Adama Diaby, Walid Gaddas, 11 Décembre 2022

Au cours des deux dernières décennies, de nombreux efforts ont été déployés pour relever les défis de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, du changement climatique, du chômage des jeunes et de la croissance économique. L’époque où l’agriculteur africain devait s’en remettre aux services d’un guérisseur pour commencer ou prévoir son activité est révolue. Bien que les pratiques aient évolué, il est plus que jamais nécessaire que les technologies numériques soient une réalité pour les agriculteurs et les acteurs du secteur agricole. La crise mondiale des céréales, liée à la guerre en Ukraine, met le continent au défi d’adopter des alternatives qui favoriseraient sa résilience. Le Sénégal, comme la plupart de ses pairs d’Afrique de l’Ouest, a réalisé un taux de pénétration élevé de la téléphonie mobile, estimé à 116,57 % au premier trimestre 2022, et au moins 20% de ces appareils ont une fonctionnalité de connexion internet. Dans ce contexte, comment la révolution numérique peut-elle contribuer au succès de l’agriculture sénégalaise ?

Les défis auxquels est confrontée l’agriculture sénégalaise sont nombreux : vieillissement des agriculteurs, faible productivité, manque de projection à long terme des jeunes et des femmes dans l’activité, difficulté d’accès aux financements, effets du changement climatique, etc. Cependant, des réponses pourraient exister dans les technologies numériques proposées par les Agritechs et Fintechs. L’Agritech est une véritable révolution dans le secteur agricole, et le Sénégal devrait franchir le pas pour rester dans la compétition internationale.

«Joindre l’utile à l’agréable »,  faire naître la flamme entre les jeunes et l’agriculture

Agritech1L’Agritech est sans aucun doute un moyen de rendre l’agriculture sénégalaise plus attractive, notamment pour les jeunes d’aujourd’hui qui sont très connectés aux nouvelles technologies. Selon notre recherche récente au Sénégal, sept des huit participants d’un focus groupe de discussion avec des jeunes affirment qu’ils faisaient cette activité parce qu’ils n’avaient pas réussi à avoir un travail après leurs études, et n’exercent l’agriculture que par contrainte et non par motivation. La technologie et une meilleure connaissance de l’entrepreneuriat peuvent rendre le secteur agricole plus attirant.

L’Agritech pour une amélioration du rendement

L’Agritech propose des technologies digitales qui “permettent de produire plus et mieux avec moins” grâce à l’utilisation des données (big data). Depuis quelques années, on assiste en Afrique à l’émergence d’une vague de startups technologiques spécialisées dans les solutions Agritech. Les experts estiment leur nombre à 400 en Afrique Subsaharienne, le projet Agri-tech Tunisia, en a dénombré plus de 50 en Tunisie uniquement. Ainsi, des solutions adaptées aux réalités de l’Afrique existent pour améliorer la productivité agricole, faciliter l’inclusion des jeunes et des femmes et optimiser la gestion des ressources naturelles. Ces solutions à la pointe de la technologie grâce à l’utilisation de l’intelligence artificielle, l’internet des objets, la blockchain, etc… sont cependant faciles d’utilisation. Elles ne nécessitent pas obligatoirement une maîtrise de l’informatique, ni un accès à l’électricité ou à internet. Les algorithmes de ces solutions traitent les données collectées par les capteurs installés chez les agriculteurs et les renvoient  aux utilisateurs sous forme d’informations ou de recommandations que ce soit à travers des applications pour ceux qui disposent de smartphones ou de SMS ou de messages vocaux en langue locale pour ceux qui disposent d’un téléphone mobile basique. Les agriculteurs ont à leur disposition une vaste gamme de solutions qui peuvent les aider à augmenter leurs rendements, à réduire leurs coûts de production, à réduire la pénibilité de leur travail tout en optimisant l’utilisation des ressources naturelles comme par exemple la gestion intelligente de l’eau, la gestion des sols, la détection précoce des maladies et des parasites, les traitements ultra-localisés par les drones, l’estimation des rendements, les logiciels de gestion, et enfin assurer la qualité et la traçabilité des produits distribués en circuits courts et commercialiser ses produits intelligemment via des plateformes de commerce en ligne.

AgritechCIIl y a un engouement pour les technologies agricoles au Sénégal et cela se traduit par le nombre croissant de startups dans l’Agritech (plus d’une quinzaine) et aussi par une très fort intérêt des grandes entreprises agricoles pour les technologies comme en témoigne l’implication des institutions ayant pris part à la semaine de l’Agritech tunisienne au Sénégal. Mais les prochains challenges restent à faire accéder les petits producteurs à ces technologies.  Le développement des agropoles initié par le Gouvernement Sénégalais avec l’appui des Partenaires Techniques et Financiers internationaux pourrait être une piste de solution.

La Fintech renfort de l’Agritech

aLa contribution de la Fintech à l’agriculture sénégalaise peut s’avérer déterminante car elle est un bon levier pour une inclusion financière des populations rurales. Mais les produits financiers numériques n’ont toujours pas réussi à séduire les acteurs de la chaîne de valeur agricole sénégalais. En effet « Tout ce qui est fait pour moi, sans moi, est fait contre moi », cette citation de Nelson Mandela illustre bien la situation d’exclusion des acteurs de la chaîne agricole du système financier formel qui propose des solutions pas ou peu adaptées à leurs besoins.

Bien que l’inclusion financière ait connu une croissance fulgurante ces deux dernières décennies, les personnes vivant en zone rurale sont toujours restées sur le tarmac de l’inclusion à la finance en raison de leur situation géographique et de leur profil de risque. Les produits financiers numériques se heurtent à des obstacles d’adoption et d’utilisation dans les zones rurales en raison de la faible couverture des réseaux de téléphonie mobile et d’Internet, et de l’accès limité aux téléphones mobiles. Face à tous ces obstacles, il est nécessaire de faire des efforts à différents niveaux et de soutenir les agritechs pour développer des services qui correspondent aux besoins locaux.
L’amélioration de l’éducation à la finance numérique en milieu rural

agritech3Afin d’aider les acteurs à prendre des décisions financières judicieuses et à épargner pour investir dans leurs activités, il faut sortir des sentiers battus en matière d’éducation financière et se tourner vers de nouvelles solutions comme le feedback à fréquence élevée et marketing social. Ce concept consiste à un processus de fusion entre l’éducation financière et le marketing produit. Le but est de stimuler l’adoption et l’utilisation des produits financiers numériques afin d’être un bon levier pour améliorer l’épargne des ménages en zones rurales. Il faut encourager les initiatives prometteuses des Agritech comme la plateforme Wi-Agri, qui offre un guichet unique aux acteurs des chaînes de valeur agricole d’Afrique de l’Ouest en proposant des services financiers, l’accès au marché, les conseils agricoles et l’éducation financière pour les petits agriculteurs, les ouvriers agricoles, les acheteurs, les transformateurs et les exportateurs. L’application SAIDA touche une partie des besoins en offrant le conseil et la météo en langue locale au Sénégal avec plus de 84 000 utilisateurs.  Il y a aussi le modèle MyAgro, un modèle d’épargne et de paiement via une plateforme mobile qui permet aux petits agriculteurs d’’investir leurs propres fonds dans des semences de haute qualité, des engrais et des formations agricoles pour augmenter leurs récoltes et leurs revenus. Cette solution a permis à 45 000 agriculteurs de réaliser une augmentation de récolte de plus de 50%.

Amélioration du cadre et facilitation de l’accès aux marchés

agritech2La mise en œuvre de solutions et de services financiers nécessite le développement d’infrastructures routières pour le transport des intrants et l’acheminement rapide des produits frais, des réseaux d’eau pour l’irrigation des cultures, et des réseaux électriques pour l’alimentation des exploitations agricoles et les ateliers de conditionnement ou transformation et de réfrigération, ainsi qu’un réseau de distribution efficace vers les marchés locaux. Les difficultés les plus fréquemment citées pour expliquer le faible taux d’inclusion financière en milieu rural sont le manque d’infrastructures et le faible niveau d’instruction. Mais le principal obstacle reste le manque de stratégie commune à toutes les parties prenantes et de capacités pour construire les infrastructures, et surtout une vulgarisation de l’inclusion financière, par exemple, l’intégration de modules d’inclusion financière dans les formations paysannes comme le Champ Ecole Paysan (CEP).

Des solutions financières responsables incluant la protection des consommateurs

L’évolution de l’écosystème des services financiers numériques s’accompagne d’une problématique de protection des consommateurs qui nécessite un cadre approprié (juridique et institutionnel), tant au niveau individuel que organisationnel, tout en stimulant la concurrence économique. En effet, il est essentiel de promouvoir un environnement, un climat d’affaires où l’agribusiness peut prospérer et où les consommateurs peuvent avoir la confiance nécessaire pour s’engager sur les marchés concernés et en tirer satisfaction.

Que doit-on retenir ?

La machine est sans aucun doute en route car le Sénégal n’est pas à son premier coup d’essai en implémentation de solutions Agri-tech . Le pays dispose déjà d’un plan stratégique “Sénégal numérique 2025” qui embarque un axe consacré au développement d’industrie numérique innovante et créatrice de valeurs et un autre consacré à la diffusion du numérique dans les secteurs économiques. Mais comme le dit le dicton de Jean Racine “qui veut aller loin ménage sa monture”. L’heure est venue pour le pays de repenser son avenir par l’adoption de solutions plus impactantes à travers l’amélioration des infrastructures de support, l’éducation financière, la mise en place de solides dispositifs de protection des consommateurs. Pour ce faire, nous appelons à la création de synergies entre l’agrobusiness, les performances du secteur agricole et la réduction de la pauvreté dans les zones rurales du Sénégal.

Podcast : rencontre avec Fatou Mbathie, jeune femme entrepreneuse dans un milieu ou les stéréotypes de genres sont importants

Podcast : rencontre avec Fatou Mbathie, jeune femme entrepreneuse dans un milieu ou les stéréotypes de genres sont importants

Fatou Mbathie est jeune, dynamique, qui a choisi d’évoluer dans un domaine où les stéréotypes de genre sont très forts, rendant la réalisation d’une véritable égalité Hommes-Femmes plus difficile. Elle a suivi une formation avec le Orange Startup studio. Orange Startup Studio est un accélérateur sélectif de start-up sénégalaises du Groupe Sonatel. Il accompagne les start-up dans l’accélération de leur business Dans le cadre de notre campagne sur les femmes sur le thème ” Pour un monde digital inclusif : innovation et technologies pour l’égalité des sexes”, nous avons eu la chance de la rencontrer. Son parcours, ses challenges, ses ambitions, elle nous raconte dans notre nouveau podcast.

Le Paysage des FinTechs au Sénégal en 2022

Le Paysage des FinTechs au Sénégal en 2022

Novembre 2022

Les segments FinTech se développent et mûrissent, et de nombreuses FinTechs se développent verticalement surtout depuis le Covid.  Dans un petit pays comme le Sénégal, l’expansion géographique est nécessaire pour réussir, mais cette expansion n’est réalisable qu’une fois le modèle d’affaires prouvé.  L’accès aux clients est un défi majeur pour les FinTechs. Pour relever ce défi, les FinTechs explorent les moyens de tirer des avantages réels de la collaboration interentreprises (B2B). Si les FinTechs ont pu être considérées comme des éléments perturbateurs dans le passé, elles sont de plus en plus nombreuses à vouloir travailler avec des acteurs établis. On a vu l’évolution au Sénégal d’une approche marketing équitablement centrée sur le B2B et le B2C.
Cette infographie vous propose une vision globale de l’écosystème qui est en constante évolution.

Comment les Fintechs peuvent contribuer à une transformation digitale réussie des Systèmes Financiers Décentralisés en zone UEMOA?

Comment les Fintechs peuvent contribuer à une transformation digitale réussie des Systèmes Financiers Décentralisés en zone UEMOA?

Elizabeth Berthe, et Sunil Bhat, September 2022

Avec plus de 508 unités, les systèmes financiers décentralisés (SFD) de la sous-région servent plus de 17 millions de personnes.  De plus en plus, les clients veulent avoir accès à des  services financiers numériques. L’année 2021 a vu une augmentation de 16% des demandes de crédit et des dépôts dans les institutions financières par rapport à  2020. C’est pour cela que les prestataires de services financiers doivent investir dans les domaines technologiques susceptibles d’accroître leurs revenus.  Par exemple, ils peuvent améliorer leurs propositions de valeur fondamentales et nouer des partenariats avec des fintechs qui offrent des solutions en mode SaaS. 

La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a mis en place un Bureau de Connaissance et de Suivi des FinTechs (BCSF).  Par ailleurs, plusieurs réglementations sont en réflexion pour intégrer les FinTechs dans le texte : 

  • Réforme de la Loi portant sur la réglementation bancaire
  • Révision de l’Instruction n°008-05- 2015 
  • Elaboration d’une loi uniforme portant réglementation du financement participatif de prêt

Cela semble être un grand investissement mais il faut prendre en compte l’augmentation non négligeable en efficacité et la satisfaction des clients qui avec le temps verra la diminution des frais et la rapidité de traitement des décaissements.
Investir dans la technologie peut rendre ces actions aussi simples que possible. Plus de 180 FinTechs dans la sous-région proposent désormais l’onboarding KYC/AML, le traitement des paiements et le suivi des transactions.


Comment les services des prestataires de services techniques (PST) aident-ils les SFD à prendre des décisions basées sur des données ?

Construire un système de signaux d’alerte précoce grâce à l’analyse des données

Le coût des impayés reste un point sensible pour les SFD . Les PST peuvent aider les SFD prêteurs traditionnels à mieux gérer leurs impayés grâce à l’analyse de données. Les FinTechs émergentes dans le domaine des prêts utilisent largement l’analyse de données pour comprendre leurs portefeuilles et obtenir des informations approfondies sur les clients. Les PST peuvent aider les SFD traditionnels à améliorer leur efficacité opérationnelle en réduisant les coûts de suivi des clients, les coûts d’acquisition des clients et les taux d’impayés.  Les clients peuvent choisir de recevoir une alerte via sms ou l’application.

Moteur d’alerte précoce pour le recouvrement des dettes utilisant des données alternatives

Le portefeuille de prêts de la plupart des SFD n’est pas garanti. L’identification unique des usagers des services financiers à l’aide d’une base de données centralisée et fiable est un défi.  Plusieurs SFD éprouvent des difficultés liées, entre autres, à l’insuffisance d’outils de pilotage nécessaires à une gouvernance stratégique et opérationnelle, mais également à la dégradation de la qualité du portefeuille de crédit due à la défaillance des systèmes de recouvrement.  Bien que les SFD suivent des processus réglementaires, elles n’ont pas une vision claire de l’intention de remboursement de l’emprunteur.  La BCEAO à la poursuite de la mise en œuvre de la stratégie régionale d’inclusion financière dans l’UEMOA a un projet de mise en place d’un système d’identification unique des usagers dans l’UEMOA. Ce système vise notamment à constituer une base de données d’identification centralisée et fiable de l’ensemble des usagers des services financiers et à renforcer la traçabilité de leurs opérations.

Réduire les coûts opérationnels et accroître l’efficacité grâce à une meilleure visualisation

Il s’agit d’un domaine où les PST peuvent jouer un rôle crucial grâce à leur expertise en matière de visualisation des données. La visualisation comme concept et comme discipline émergente est beaucoup plus vaste, à la fois en ce qui concerne les outils disponibles et les résultats possibles.  Les PST peuvent aider les SFD en analysant les données préexistantes des clients et en les présentant de manière succincte. Ils peuvent soutenir les SFD en créant des tableaux de bord sur les données internes et externes.  

Scoring de collecte dynamique utilisant des données alternatives d’autres institutions et des données CRM

Cette fonctionnalité permet d’automatiser et d’optimiser le processus de gestion des recouvrements, ce qui améliorera l’efficacité du recouvrement, réduira le risque d’actifs non performants, minimisera les radiations et améliorera les relations avec les clients, entre autres. Le scoring de recouvrement dynamique permet également de réduire les coûts de recouvrement des remboursements de prêts grâce au processus automatisé.

Personnalisation des clients grâce à l’IA/ML

Les PST peuvent fournir aux SFD une plateforme alimentée par l’IA/ML pour faciliter l’accueil des clients à distance , la sélection des clients, leur proposer des avantages supplémentaires en fonction du profil de leurs clients grâce à différents taux d’intérêt, et bien d’autres avantages. En outre, les PST peut offrir aux SFD de meilleurs outils de gestion de produits dans un environnement sécurisé. Les SFD peuvent utiliser le traitement du langage naturel par le biais de cette plateforme afin d’éliminer la barrière linguistique entre la technologie de pointe et leurs clients. Les PST peuvent aider à développer une interface utilisateur à assistance vocale pour l’application des SFD afin d’assurer une utilisation sans problème par leurs clients à faibles et moyens revenus.

Vente croisée et vente incitative de produits de crédit

Les SFD peuvent utiliser les PST pour aider à la vente croisée ou à la vente incitative d’autres produits de crédit à leurs clients existants ou nouveaux. Soutenus par des données extensives et des analyses comportementales, les PST peuvent suggérer aux SFD de cibler des clients spécifiques pour faire de la vente croisée ou de la vente incitative de produits tiers afin d’optimiser les ventes d’un produit, en termes de stabilité et de rentabilité.

Les clients potentiels ne gagnent pas forcément leur argent de la même manière que des salariés traditionnels.  La technologie peut aussi aider à comprendre comment les gens dépensent et gagnent leur argent et à déduire des schémas de comportement qui permettent de concevoir des solutions pour mieux les servir.  La BCEAO a plusieurs projets en cours : un site dédié aux FinTechs, un registre des FinTechs et des rencontres périodiques.  L’intégration des services financiers dans la vie quotidienne des gens est synonyme de commodité pour les clients, de réduction des coûts, et de croissance pour les entreprises. Pour trouver l’opportunité, il faut de l’ingéniosité et des partenariats ; pour la saisir, il faut disposer d’une technologie suffisamment agile pour évoluer dans un marché en mutation rapide avec le soutien de l’écosystème. C’est bien une opportunité pour les FinTechs de voir comment elles peuvent fournir des solutions pour renforcer les SFD et accroître leur efficacité et la qualité de la collecte de leurs données.

 

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Rencontre avec Fabrice Koffi, co-fondateur de la start-up KEIWA

Rencontre avec Fabrice Koffi, co-fondateur de la start-up KEIWA

En Côte d’Ivoire, 40% du PIB provient du secteur informel. Quasiment 94% de l’emploi en Côte d’Ivoire est informel. Si on arrivait à convertir 1% de ce secteur informel, la Côte d’Ivoire gagnerait 10% de croissance. Keiwa est une application mobile et web née en Côte d’Ivoire, qui permet aux PME et TPE de gérer leur comptabilité en ligne en toute simplicité. Comment est né ce projet? Comment ca marche?
Fabrice Koffi son co-fondateur a accepté de nous en dire un peu plus.

Comment améliorer les solutions numériques pour les agents bancaires en RDC ?

Comment améliorer les solutions numériques pour les agents bancaires en RDC ?

Rocky Abdoul, Juillet 2022

Durant la dernière décennie, les régulateurs de beaucoup de pays africains ont mis en place des mesures pour encadrer les activités liées aux réseaux d’agents, les canaux alternatifs ou la distribution des services financiers. Parmi ces mesures: la non exclusivité des agents. En République Démocratique du Congo (RDC), de plus en plus de réseaux d’agents se développent. Par exemple pour les banques (Cash Express, FBN Monie, Ecobank Xpress et Pepele Mobile), pour les IMFs (FINCA eXpress, Cahi Digital, SMICO Digital  et Guilgal Cash), ou encore pour les OTM (M-Pesa, AirtelMoney, Orange Money et Afrimobile Money). Comme dans plusieurs pays, en RDC les fournisseurs de services financiers (FSF) digitaux tels que les opérateurs de téléphonie mobile, les institutions financières, les Fintechs ou autres fournisseurs de services financiers, ne sont plus autorisés à avoir des agents dédiés. Par conséquent, les agents offrent une très large gamme de services des OTM et des institutions financières mais en utilisant à chaque fois un support propre à chaque fournisseur (terminal de paiement ou téléphone).

“Cela fait trois ans que je suis agent multiservices. J’offre les services de mobile money (M-Pesa, Airtel Money et Orange Money) et des institutions bancaires (FINCA eXpress, Cash Express et Ecobank Xpress). Pour chaque institution, il y a un parcours bien spécifique pour les transactions. Aujourd’hui pour les opérateurs j’utilise un seul téléphone pour les trois puces, ce qui m’évite d’avoir un téléphone par opérateur. Mais pour les services bancaires, j’ai actuellement trois terminaux pour les trois banques: c’est encombrant. Le fait de quitter un terminal pour un autre est fatiguant”, témoigne un agent bancaire à Kinshasa.

Dans cet article, nous nous intéressons particulièrement aux agents bancaires qui sont obligés de travailler avec 3 voire 4 terminaux/tablettes pour l’ensemble de leurs activités. Nous avons remarqué 3 faits :

– Ces agents maximisent leurs revenus en multipliant les services des institutions financières. Les FSF minimisent aussi leurs coûts dans le choix des agents car ils privilégient les agents offrant déjà des services similaires à cause de leur expérience dans le métier.
– Certains clients se plaignent de la qualité des services dans les points offrant plusieurs services de différentes institutions mais ayant un nombre insuffisant d’agents pour traiter leurs transactions et leurs demandes.
– Les FSF digitaux sont toujours contraints de supporter des coûts élevés de mise en place d’un réseau d’agents (dont les coûts d’acquisition des terminaux/tablettes devant servir pour  les transactions des agents).

La non exclusivité: entre revenus des agents et qualité des services

La non-exclusivité des agents apparaît  comme un gros avantage pour les agents bancaires. La maximisation de leurs revenus à travers les différents services proposés, explique le fait qu’ils ne se concentrent quasiment que sur les opérations de dépôt et retrait, génératrices de plus grosses commissions. En conséquence, les autres opérations comme les demandes de soldes, les demandes d’informations sur les produits et services spécifiques des institutions ne sont pas les bienvenues, créant la frustration des clients, qui n’ont pas d’autres alternatives que de demander leur solde à leur agent ou de ceux qui manquent de culture numérique et qui ont besoin d’assistance. Cette situation entraîne une forte détérioration de la qualité des services offerts par les agents bancaires. Pour le futur de la chaîne de distribution des Services Financiers Digitaux, les agents bancaires devront aller au-delà de la simple appellation de “CICO agents” – signifiant agents de dépôt et de retrait.

Un système agrégateur de solutions pour les  agents bancaires

Au regard des multiples problèmes autour de la possession de plusieurs terminaux, les prestataires doivent penser à collaborer pour mettre en place une solution d’agrégation de solutions numériques pour les agents bancaires. Les agents n’auront qu’à manipuler une seule plateforme pour l’ensemble des fournisseurs. Multipay en RDC qui propose une solution interbancaire pour la consultation de solde, les retraits et les paiements marchands pour 3 banques locales devrait penser à étendre sa solution aux agents bancaires.

Ce système aura  plusieurs avantages :

La réduction des coûts opérationnels : les dépenses et les coûts représentent une grande préoccupation pour les fournisseurs de services financiers. En effet, l’utilisation de plusieurs terminaux, applications et logiciels pour atteindre les objectifs de l’institution peut être très coûteuse. Pensez à utiliser un agrégateur de solutions numériques qui aidera ces FSF à réduire leurs coûts liés à l’achat de terminaux, au développement des solutions numériques, à la gestion et à la maintenance, aux autres coûts liés à l’internet, à la formation et au suivi des agents.

L’amélioration de l’expérience utilisateur : l’utilisation d’un agrégateur par les agents bancaires garantira une expérience utilisateur satisfaisante. Dans l’optique de la rapidité et du progrès numérique, les agents recherchent un outil qui facilite leur travail et leur quotidien. Avec une telle solution, les agents n’auront plus à changer de terminaux pour différents clients. Toutes les opérations sont centralisées en une seule solution. Ils n’ont plus besoin d’avoir plusieurs mots de passe pour accéder à chaque terminal, ou posséder plusieurs puces pour chaque terminal pour les transactions.

L’égalité dans les services aux clients : les clients sont souvent sujets d’inégalités dans les services parce que les agents privilégient les clients et les transactions pour lesquelles ils gagnent plus de commissions et qui utilisent les plateformes les plus rapides, qui leur permettent de faire plus de transactions rapidement. Ainsi, certains clients ne sont pas pris en priorité  si c’est pour des opérations autre que le dépôt ou le retrait ou si la plateforme de leur banque est moins intuitive. Avec une seule plateforme intégrée, les agents bancaires n’auraient pas à faire ce tri.

Amélioration de l’offre des produits à valeur ajoutée: la compétition ne se fera  plus sur le choix ou le développement du réseau d’agents à proprement parler, ni sur la technologie spécifique à chaque prestataire ou encore sur la meilleure gestion de la liquidité. Les prestataires se focaliseront désormais sur le développement de services à valeur ajoutée autres que les simples dépôts et retraits.

Bien que cette solution soit efficace pour la gestion des agents bancaires dans les pays où elle n’est pas encore opérationnelle ou implantée, certains éléments devraient attirés l’attention des prestataires et utilisateurs de ce système :

  • La conformité avec les régulateurs: les réseaux d’agents évoluent dans des environnements régulés de façon spécifique.
  • L’existence d’un environnement interopérable: la réussite d’une telle solution exige l’existence d’un système interopérable fonctionnel et efficace qui permet une compensation logique des flux financiers des différents acteurs.
  • L’harmonie dans le choix de la technologie : réfléchissez au mérite d’une technologie commune qui s’adapte au niveau de culture numérique des clients de chaque institution et qui est plus intuitive pour les agents. Ceci est primordial.
  • Un modèle d’affaires clair de partage des coûts et des revenus ainsi que des règles de gestion de liquidité bien établies .
    Depuis plus de deux décennies, MSC s’est engagé à accompagner les institutions financières, les régulateurs, et les gouvernements à innover et à comprendre les différents modèles de réseaux d’agents.Nous intervenons à chaque étape du cycle de vie des agents, que ce soit à l’inspection du terrain et le choix du modèle,  à la sélection et l’installation des agents, à la formation et au support des agents, pour le marketing, la communication et la gestion des incidents, la résolution du casse-tête de la gestion de la liquidité, la gestion des risques mais aussi à l’expansion des réseaux d’agents. Pour plus d’informations sur nos travaux, cliquez ici.https://hitpcgames.com/ https://www.majidsaleem.com/
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