Adopter une approche axée sur le marché pour l’élaboration de concepts de produits

Adopter une approche axée sur le marché pour l’élaboration de concepts de produits

Graham Wright, Akhand Tiwari et Bhavana Srivastava, novembre 2015

Selon la base de données sur l’inclusion financière globale de la Banque mondiale, plus de 2,5 milliards d’adultes ne détiennent pas de compte dans une institution financière. La mauvaise conception des produits financiers est un élément essentiel parmi les nombreux facteurs qui expliquent le niveau élevé d’exclusion financière.

Pourquoi donc est-il si difficile de concevoir des services financiers pour les pauvres ?

Contrairement aux populations qui reçoivent régulièrement des revenus sur leurs comptes bancaires, les flux financiers des pauvres sont beaucoup plus complexes. Les éléments contextuels sont multiples : rareté des revenus, manque de réserves (fonds d’urgence), insuffisance de l’information, manque d’accès aux services financiers et flux monétaires incertains. Tout aussi difficile à comprendre est le choix des pauvres en matière de services financiers, telles que les services financiers apparemment exorbitants de Bombay 5-6 ou les économies en nature, ou encore les ROSCA au niveau des villages. Alors comment aborder le développement de produits financiers pour les pauvres ?

Le mantra de MicroSave Consulting (MSC) – des solutions axées sur le marché pour les services financiers – nous a aidés à développer des concepts de produits qui sont maintenant utilisés par des millions de pauvres dans le monde. Dans ce blog, nous dévoilons le secret de comment ce mantra d’une « approche axée sur le marché » fonctionne réellement.

L’étude de marché est un outil puissant qui permet de comprendre les clients et les fournisseurs de services. L’approche de recherche d’MSC permet de recueillir des informations sur le comportement des utilisateurs, les biais cognitifs, ainsi que les défis physiques qui influencent le choix et l’action des clients.

Secret 1 : Importance de la compréhension du « marché »

L’un des éléments clés qui distingue notre approche est la prémisse selon laquelle le marché fait intervenir à la fois les fournisseurs de services financiers et leurs clients. Un produit ne peut réussir que si la vision stratégique et la capacité institutionnelle d’un fournisseur sont en adéquation avec les idées de produits issues d’une étude de marché. Bien que cela puisse sembler évident et fondamental, c’est cet élément qui fait la différence entre le succès et l’échec.

Un fournisseur peut concevoir une idée de produit fantastique et innovant, mais le succès de son développement et/ou de sa mise en œuvre dépend de l’intention et des capacités du fournisseur ainsi que du contexte commercial.  Selon le Insight into Action du CGAP (Groupe consultatif d’assistance aux pauvres), qui documente les expériences du programme dans l’utilisation de la conception axée sur l’être humain pour développer des concepts de produits, de nombreuses idées de produits n’ont pu être mises en œuvre, soit par manque d’adhésion des services des fournisseurs (Bancomer au Mexique), soit à cause d’autres besoins urgents du fournisseur (MTN Ouganda).

Les comptes sans fioritures offerts par plusieurs banques en Inde sont un autre cas d’espèce. Le gouvernement s’est intéressé à un seul défi rencontré par la population financièrement exclue – un processus d’ouverture de compte extrêmement compliqué. Il a négligé de nombreuses attentes de cette population par rapport à un compte bancaire, c’est-à-dire des services plus rapides au niveau des succursales, l’accès à l’information sur les services bancaires, le respect associé à un compte bancaire, etc. La conception du produit n’a pas non plus tenu compte des capacités des banques et de la motivation du personnel censé offrir ce produit.

Le point de départ d’un concept de produit est, bien entendu, la compréhension de base du comportement existant. Lors d’un entretien avec les clients d’une grande banque kenyane sur un concept de produit d’épargne, l’une des idées clés qui s’est dégagée était qu’une « fonction de verrouillage pour une période déterminée » était en fait souhaitable et pouvait pousser les gens à faire preuve de discipline pour épargner.

La compréhension du marché ne mène pas toujours à la conception d’un produit « réussi » à moins que les fournisseurs de services ne s’alignent stratégiquement sur le concept du produit et ne soient donc prêts, disposés et capables de livrer le produit. Au Népal, de nombreux praticiens ont adopté des produits financiers digitaux et créé des réseaux d’agents. Les agents ont commencé à offrir des produits bancaires, mais il n’y avait pas beaucoup d’adeptes. Les fournisseurs avaient supposé que les clients voulaient utiliser des services financiers formels et que les agents résoudraient le problème de l’inaccessibilité à ces services. Cette supposition était juste, les clients voulaient en effet avoir accès à des services financiers formels, mais sans pour autant sacrifier la commodité. Pour ouvrir un compte, il fallait se rendre aux points de vente des agents au moins quatre fois, ce que beaucoup des clients n’ont pu faire, restant ainsi inactifs. Dans ce cas, les fournisseurs de services n’avaient pas les capacités nécessaires pour développer et soutenir un réseau d’agents suffisamment solide pour servir les clients ciblés. (Voir aussi : Lessons from emerging markets, Why robust agent network is crucial, How agent networks fuel M-PESA’s success).

Lors du développement de concepts de produits en collaboration avec une douzaine de banques en Afrique orientale et australe (2001-2006), MSC a documenté l’importance de la planification stratégique et la nécessité d’assurer l’adhésion de tous les services.  La planification stratégique aide à gérer le processus de croissance et à bâtir des systèmes pour qu’un concept de produit ne soit pas confronté à des défis inutiles. Par exemple, lorsque Teba Bank a mis à niveau son système bancaire, elle a constaté que la personnalisation prenait plus de temps que prévu. Pire encore, lorsque les systèmes bancaires fonctionnent à plein régime, ils ralentissent et chaque transaction prend plus de temps. S’assurer de l’adhésion de tous les services permet d’éviter des problèmes avec les systèmes juridiques, réglementaires, d’audit et informatiques, et aussi de réduire le risque « d’orphelins de produits » en s’assurant que les services qui doivent déployer le produit sont impliqués dès le début.

Secret 2 : Création participative et raffinement des concepts par le biais de tests 

La compréhension du marché fournit aux chercheurs de multiples idées de concepts de produits. Alors que certaines de ces idées évoluent sur le terrain, d’autres sont découvertes lors d’ateliers participatifs de distillation de concepts.

Dans l’exemple du Kenya cité ci-dessus, nous savions que nous devions intégrer un facteur contextuel pour pouvoir résister à la tentation de dépenser. Nous avons apporté la connaissance du marché à l’atelier sur le concept de distillation. Nous avons encouragé le personnel de la banque à réfléchir à la façon dont la banque pourrait inciter ses clients à adopter un comportement auto-disciplinaire en matière d’épargne. À la lumière de cette compréhension du marché, diverses idées générées lors de l’atelier ont suggéré un produit d’épargne qui engageait le client à atteindre un objectif, un montant précis d’épargne régulière à atteindre et une période de verrouillage pour éviter un encaissement prématuré. Mais ce n’était qu’un point de départ. Il fallait comprendre ce que les clients en pensaient réellement.

Dans un processus de développement de produits axé sur le marché, la compréhension des besoins des clients n’est pas une activité ponctuelle. Il s’agit d’un processus continu où les concepts de produits sont développés, testés et modifiés par une série d’itérations. L’objectif et l’échelle de chaque itération peuvent varier. Alors que la première phase vise essentiellement à comprendre le comportement des clients existants et potentiels, les phases ultérieures évaluent la capacité du concept de produit à provoquer le changement de comportement que le fournisseur de services attend du produit nouveau ou modifié. Ce processus permet d’optimiser la proposition de valeur du produit pour les utilisateurs. Il en résulte un concept de produit qui fonctionne – M-PESA en est un excellent exemple. L’idée initiale (développée sans étude de marché) était inadaptée – tant pour les clients que pour l’institution de microfinance. Cependant, le processus de test de concept a ouvert la voie à la réinvention du produit – jusqu’aux processus et aux activités de commercialisation/ communication connexes. Les essais se poursuivent tout au long du processus de développement du produit. Ils commencent à un niveau conceptuel et se poursuivent jusqu’au développement des systèmes et des processus.

Au Kenya, nous avons testé l’idée d’épargne obligatoire à différents niveaux (clients et personnel) et stades de développement – du concept sur papier au lancement en douceur. Au cours de tous les tests, nous nous sommes concentrés sur l’évaluation des attitudes, des perceptions et du comportement des clients à l’égard de l’adoption de ces produits, tout en identifiant les principaux risques inhérents et en testant les processus, la technologie et les activités opérationnelles. Le résultat de cet exercice a abouti à la mise au point d’un produit d’épargne réussi, connu aujourd’hui sous le nom de Jijenge et proposé par Equity Bank.

Secret 3 : Se focaliser sur les 8P

La conception du produit, la tarification, les personnes, les processus, le lieu, les preuves physiques, la promotion, le positionnement – collectivement, les « 8P du marketing » (de l’anglais : product design, pricing, people, process, place, physical evidence, promotion, positioning) – se focalisent tous sur les détails et s’appliquent à divers contextes : 8P pour les services financiers digitaux, 8P pour l’épargne et 8P pour le marketing. À toutes les étapes de l’élaboration du concept de produit, l’attention portée aux 8P permet aux experts en conception de produits de se pencher en particulier sur tous les éléments qu’ils doivent élucider et développer. Si ces détails ne sont pas étudiés à fond, enregistrés et partagés avec l’équipe, il y a de fortes chances que de nombreux aspects cruciaux soient oubliés ou négligés lors de l’essai du produit. Dans le cadre du développement de la version améliorée de Jijenge en 2012, la formulation des 8P indiquait que le produit serait également lancé sur la plateforme digitale Eazy 247. L’équipe de développement du produit le savait et a par la suite modifié la plateforme Eazy247 pour y intégrer Jijenge. L’étude de marché a également fourni des indications sur le canal et le message optimal requis pour la promotion du produit. L’adoption de l’approche fondée sur les 8P garantit que les membres de l’équipe de développement du produit entreprennent également des activités pour commercialiser/communiquer le produit.  Le cadre 8P implique que tous les aspects du produit soient examinés de manière intégrée et que tous les membres de l’équipe soient sur la même longueur d’onde.

Depuis près de 20 ans, MSC a mis au point plus de 200 produits pour une large gamme de clients bancaires, de fournisseurs de services financiers digitaux, de PME, de clients de microfinance et d’agrégateurs tiers. On peut affirmer en toute certitude qu’il n’existe pas de formule magique pour concevoir des produits financiers destinés aux pauvres. Le succès réside dans le suivi d’un processus de développement de produits minutieux et systématique. Ce processus commence par une compréhension du marché grâce à des études de marché rigoureuses (Rappelez-vous : marché = clients et fournisseurs) ; une approche participative du développement du concept et des tests itératifs des concepts jusqu’au déploiement final ; et une attention particulière à tous les 8P.

 

Accélérateur de réseaux d’agents : Rapport pays – Zambie 2015

Accélérateur de réseaux d’agents : Rapport pays – Zambie 2015

Le programme Accélérateur de réseaux d’agents (Agent Network Accelerator – ANA) identifie les facteurs responsables du succès ou de l’échec de réseaux d’agents à travers le monde. ANA utilise des enquêtes quantitatives à grande échelle qui mesurent la santé des réseaux d’agents dans les différents pays. Il évalue les réseaux d’agents pour des fournisseurs sélectionnés au niveau national et au niveau des fournisseurs.

La recherche effectuée dans le cadre du programme en Zambie porte sur les facteurs opérationnels déterminants pour la bonne gestion d’un réseau d’agents, en particulier : la structure du réseau ; la qualité du service ; le contrôle et la conformité ; l’efficacité opérationnelle du réseau ; et la rentabilité de l’agent.

Inclusion financière et nouvelles technologies – Développement de produits fintech pour les marchés à faibles revenus

Inclusion financière et nouvelles technologies – Développement de produits fintech pour les marchés à faibles revenus

Mike McCaffrey et Annabel Schiff, aout 2017

Ce document est conçu pour aider les fintechs pionnières à comprendre les stratégies spécifiques de gestion financière utilisées par les personnes à faibles revenus dans les pays en développement. Il est destiné à servir d’outil aux fournisseurs de services financiers pour les aider à concevoir des produits financiers appropriés susceptibles d’être régulièrement utilisés par les personnes exclues des services financiers ou mal servies. À cette fin, le document présente les enseignements détaillés de 15 années de recherche sur l’inclusion financière, ainsi que les données les plus récentes du secteur sur les besoins et les souhaits des personnes à faibles revenus. En s’appuyant sur des exemples, il compare en outre les techniques informelles de gestion d’argent aux techniques formelles utilisées par les personnes à revenus élevés. Cette comparaison permet de montrer pourquoi de nombreux outils financiers informels restent privilégiés par les populations des marchés en développement, même lorsque des services financiers formels sont disponibles. Le document conclut en examinant certaines innovations technologiques de pointe dans le secteur des fintech et en mettant en évidence celles qui pourraient contribuer à mieux servir les marchés des pays en développement.

Service à la clientèle – Plus qu’un simple sourire

Service à la clientèle – Plus qu’un simple sourire

Graham Wright et David Cracknell, août 2014

Quel rôle joue le service à la clientèle pour une institution financière axée sur le marché ? Cet article explique pourquoi l’excellence du service à la clientèle doit être une « directive primordiale » pour toute institution financière axée sur le marché.

Compte tenu du regain d’intérêt pour le centrage client, il semble approprié de rappeler le rôle central du service à la clientèle dans le segment du marché des personnes à faible revenu. Au cours de sa recherche, MicroSave Consulting (MSC) constate souvent que la question suivante « comment suis-je traité par le personnel (ou les agents) de l’institution » compte parmi les trois ou quatre principaux facteurs du choix d’un fournisseur de services ainsi que de l’adoption et de l’utilisation des services financiers par le client.

Cela n’est pas surprenant : il y a cinq raisons principales pour lesquelles l’excellence du service à la clientèle doit être une « directive première » pour toute institution financière centrée sur le marché :

  1. Un bon service fidélise les clients.
  2. Un bon service aide à promouvoir les affaires par le bouche-à-oreille.
  3. Un bon service peut aider à surmonter les désavantages concurrentiels.
  4. Un bon service est plus facile que bien des aspects de la gestion d’une entreprise.
  5. Un bon service aider l’entreprise à travailler plus efficacement.

Mais contrairement à la perception courante, le service à la clientèle, c’est beaucoup plus qu’apprendre au personnel de première ligne à sourire. Le service à la clientèle dépend d’un large éventail de variables, dont notamment :

  • La culture du service à la clientèle – créée et mise en œuvre par le personnel à l’échelle de l’organisation en tant que valeur vivante.
  • La gamme de produits/services – non seulement les produits et services de base offerts, mais aussi les services supplémentaires (tels que les récompenses et incitations pour les clients).
  • La connaissance de la clientèle – pour anticiper et répondre aux besoins et aux attentes des clients afin de fidéliser et d’accroître la clientèle grâce à la gestion des relations avec le client.
  • Les systèmes de prestation doivent être efficaces, réactifs et fiables : les services de masse se caractérisent par un temps de contact limité et un produit, plutôt que de mettre l’accent sur le service.
  • L’environnement de prestation de services en termes de l’emplacement des agents et des succursales, de leurs heures d’ouverture, de leur agencement physique et de leur conception, ainsi que de l’atmosphère – espace, couleur, éclairage, température, entretien, etc. – dans les points de vente.
  • La technologie fait souvent partie intégrante d’un produit – par exemple, les portefeuilles mobiles ou les comptes cartographiés, les liens vers les guichets automatiques ou les comptes d’épargne par carte et, de plus en plus, l’accès au crédit automatique basé sur des algorithmes.
  • Les employés – on ne saurait trop insister sur le rôle des employés dans le service à la clientèle – la gestion des relations avec les employés et les programmes d’encouragement du personnel peuvent jouer un rôle crucial pour optimiser cette composante clé du service à la clientèle.

Diagnostic en vue de dynamiser le service à la clientèle

Il y a toujours des centaines de mesures qu’une institution financière pourrait prendre pour améliorer le service à la clientèle ; le défi consiste à déterminer les mesures qu’elle devrait prendre. Dans le cadre du processus d’amélioration continue du service, les institutions financières devraient analyser les mesures à fort impact et à faible coût déjà en place afin de déterminer les « gains rapides ». L’approche de MSC en matière de service à la clientèle comprend l’utilisation d’une variété d’outils d’étude de marché pour examiner les perceptions et les priorités des clients et du personnel, ainsi qu’un outil complet de diagnostic et d’analyse fondé sur les « 8P » du marketing, en anglais : Product, Price, Place, Promotion, People, Processes, Physical evidence, and Position [Produit, Prix, Lieu, Promotion, Personnes, Processus, Preuves matérielles et Position]. L’outil de diagnostic est administré à la direction générale et au personnel de première ligne sur une période de deux jours au cours de laquelle ils évaluent la fréquence et l’impact d’une série de problèmes liés au service à la clientèle dans le cadre des « 8P » et analysent la réponse optimale à ces problèmes.

La connaissance du client, de ses besoins et de ses attentes est essentielle à un service à la clientèle vraiment efficace. La trousse à outils de MSC fournit une bonne base pour évaluer ces besoins et plusieurs des outils de base ont été modifiés pour appuyer le service à la clientèle. De nombreuses institutions financières mettent en place des entrepôts de données afin d’optimiser l’usage de l’information qu’elles recueillent sur leurs clients, ce qui leur permettra de prévoir leurs besoins, de définir leurs attentes en matière de service, de cibler leurs efforts de marketing direct et de commencer à vendre une gamme de leurs produits à leurs clients.

Optimisation des processus

Il est de plus en plus reconnu que certaines institutions financières n’ont pas accordé suffisamment d’attention à l’optimisation des processus utilisés pour offrir leurs produits et services à leurs clients. En règle générale, la procédure de base utilisée pour analyser et améliorer les processus d’exécution consiste à :

  • Établir et surveiller les objectifs de rendement pour les activités et les processus.
  • Etre à l’affût de signes de stress tels que l’allongement des files d’attente, la diminution du nombre de nouveaux clients, la baisse des taux d’activité, l’allongement des heures de travail du personnel, l’augmentation des plaintes des clients, l’augmentation du taux de roulement des agents, etc.
  • Rechercher les gains rapides et peu coûteux, tels que des ajustements mineurs aux procédures pour économiser du temps de traitement, la redéfinition des descriptions de travail ou des ajustements de l’infrastructure matérielle.
  • Améliorer les sources d’information grâce à des sondages sur la satisfaction des clients et des boîtes à suggestions, ou par des évaluations internes/externes.

Étudier les processus existants par le biais de la cartographie des processus ou de l’établissement des coûts par activité.

La cartographie des processus comprend l’analyse détaillée et l’enregistrement des systèmes et des procédures sous forme d’organigramme pour identifier les procédures inefficaces ou redondantes et pour optimiser les compromis risque/efficacité.

Technologie

Avec la croissance des possibilités technologiques pour améliorer les normes de service et les processus de prestation, la technologie doit être un élément important de la stratégie de toute institution financière tournée vers l’avenir. Les institutions financières devraient donc non seulement examiner en permanence les options en matière de solutions technologiques, mais aussi les soumettre à une analyse rigoureuse des coûts/avantages et des risques. En outre, dans de nombreux pays – en particulier dans les zones rurales, les problèmes d’infrastructure doivent être soigneusement évalués, car le manque de fiabilité de l’approvisionnement en électricité, des niveaux élevés de poussière ou des problèmes liés au manque de pièces de rechange ou à l’incapacité à assurer une intervention rapide peuvent transformer un rêve technologique en un cauchemar.

Cela dit, une informatisation efficace peut accroître considérablement la rapidité et l’efficacité du traitement des transactions, de la production des rapports financiers et de l’information de gestion. En introduisant Bidii – un système basé sur carte – pour remplacer l’ancien livret,  Kenya Post Office Savings Bank (KPOSB) a pu réduire de 58 % le coût du traitement des dépôts de salaires et de 36 % celui des retraits. Grâce au gain de temps de l’interface guichet-client, KPOSB a pu doubler le nombre de clients servis sans augmenter l’encombrement des salles des opérations bancaires.

Pour aider les employés à répondre aux attentes des clients et à les dépasser, l’institution financière devrait établir des normes de service à la clientèle. Les normes de service sont des mesures par rapport auxquelles le rendement réel peut être évalué. Le personnel doit comprendre ce que la direction veut qu’ils fassent et à quelle fréquence ils veulent qu’ils le fassent. Il est donc essentiel de :

– Énoncer la politique de service de l’établissement ;

– Établir des critères mesurables et fixer des normes ;

– Préciser et hiérarchisez les mesures que les employés doivent prendre pour satisfaire les besoins des clients ;

– Reconnaître les employés dont le  rendement  dépasse les normes de service ;

– Faire participer les clients à la rétroaction.

Les normes de service à la clientèle dans les organisations de services financiers comportent habituellement un mélange de facteurs quantifiables et de facteurs moins quantifiables. Les facteurs quantifiables peuvent inclure la rapidité/efficacité du service (bien qu’il soit important de noter les questions concernant la prise de décisions centralisée par rapport à la prise de décisions décentralisée et comment ce facteur affecte la rapidité/l’efficacité) ainsi que la connaissance des produits, systèmes et procédures, etc. Parmi les facteurs moins quantifiables, mentionnons l’apparence professionnelle, la gentillesse et l’attitude des membres du personnel – ah ces sourires !

En fin de compte, cependant, le rendement doit être évalué au moyen d’une analyse de la satisfaction de la clientèle, à laquelle participent les clients actuels, les clients en partance  et les anciens clients. Cette analyse vise à tester les performances et à identifier les opportunités d’innovation. Elle nécessite des recherches primaires qualitatives et quantitatives à l’aide de groupes de discussion, d’évaluations mystères et d’enquêtes quantitatives telles que les questionnaires ServQual.

Accès et usage des services financiers digitaux : opportunités de combler l’écart de genre

Accès et usage des services financiers digitaux : opportunités de combler l’écart de genre

Les femmes agents offrent un excellent service à la clientèle. Elles sont plus attentives, plus serviables, plus appliquées et également plus efficaces pour gagner la confiance des clients. Elles sont aussi meilleures que leurs homologues masculins pour toucher les femmes et les autres groupes de population ayant peu ou pas accès aux services financiers. Alors comment combler l’écart entre les hommes et les femmes ?