25 ans après : Qu’est-ce qui différencie MSC ?

Si nous voulons vraiment rendre l’aide inclusive, les voix locales doivent être au centre de tout ce que nous faisons..” – Administratrice USAID Samantha Power

MSC célèbre son 25ème anniversaire avec le slogan “Vision internationale, action locale, pour un impact réel”. Ce ne sont pas des paroles en l’air. Ce slogan reflète notre engagement profond : plus de 99 % de nos 300 employés sont originaires des pays où nous opérons. Ces employés comprennent la langue, l’économie, la politique, les normes sociales et les marchés locaux. Ils sont recrutés pour leur compréhension de la mission de MSC et leur engagement envers celle-ci. Cet ancrage local nous permet de mieux comprendre et d’empathiser avec les communautés que nous servons, souvent considérées comme de simples “marchés cibles”.

Notre approche axée sur la connaissance approfondie des besoins, des aspirations, des perceptions et des comportements des populations les plus pauvres et des communautés vulnérables nous permet d’améliorer l’adoption et l’utilisation de nos produits et services, augmentant ainsi leur impact.

« … l’adaptation menée au niveau local peut être plus efficace que les interventions verticales, car les acteurs locaux connaissent mieux le contexte. » – Institut international pour l’environnement et le développement.

MSC place systématiquement les utilisateurs finaux au cœur de son travail. Même lorsque nous relevons des défis liés à l’offre, notre recherche initiale se concentre sur les clients. Par exemple, lors de l’amélioration des processus, nous commençons par le parcours du client pour comprendre leur expérience. Après tout, les services orientés vers le marché sont ceux qui réussissent le mieux et ont le plus d’impact. Cela est particulièrement crucial pour répondre à la crise climatique, où des solutions localisées sont essentielles.

« Le modèle ancien reposait sur l’idée erronée de remplacer les capacités existantes dans les pays en développement par des connaissances et des systèmes externes – une forme de développement par substitution plutôt que par transformation. »UNDP.

MSC s’engage à renforcer les capacités locales et à développer les talents locaux. Nous proposons des formations et des transferts de compétences pour permettre aux institutions locales de se libérer de leur dépendance envers les consultants externes. Cela permet aux secteurs public et privé de développer et de gérer leurs propres programmes grâce aux connaissances et outils acquis en travaillant avec MSC. Toutefois, cela dépend de la volonté de nos clients d’adopter cette approche et d’investir dans le renforcement des capacités. Au début des années 2000, cela était une priorité pour les bailleurs de fonds, mais cette importance semble avoir diminué.

« MicroSave a initié un changement de paradigme en mettant les besoins des consommateurs pauvres au cœur du développement du secteur financier. » CGAP and FSD-Kenya.

MSC est fier de son engagement à poser des questions difficiles face au consensus ou à la pensée de groupe et à prendre l’initiative de changer les paradigmes dans un secteur souvent hostile au changement. Nous sommes toujours prêts à remettre en question les normes et les idées reçues. Notre approche approfondie sur le terrain nous rend particulièrement aptes à jouer ce rôle.

  1. En 1998, nous avons commencé à utiliser des techniques de recherche qualitative qui combinaient des discussions de groupe et des outils d’évaluation rapide participatifs afin d’obtenir des informations approfondies permettant de créer des produits et des services adaptés aux besoins des clients pour les personnes les plus vulnérables. Cette approche a précédé de plus d’une décennie l’utilisation de la conception centrée sur l’homme pour les services financiers. En effet, les leaders du secteur nous ont dit à plusieurs reprises d’utiliser des méthodes de recherche quantitatives. Néanmoins, “l’étude de marché pour la microfinance” de MSC, aujourd’hui appelée Market Insights for Innovation and Design, est rapidement devenue la ressource de référence  pour les experts du monde entier. Aujourd’hui, plus de 875 millions de personnes dans le monde utilisent des produits et des services conçus ou affinés par MSC grâce à ces techniques.
  2. Peu après l’ouverture de notre bureau en Inde en 2006, il est apparu clairement que les IMF se développaient plus rapidement que leurs processus et systèmes ne pouvaient contrôler pour poursuivre une “croissance insignifiante”. En outre, il était clair que de nombreux programmes d’inclusion financière menés par le gouvernement, en particulier les groupes d’entraide (SHG), étaient mis à mal par les prêts plus importants et la gestion plus stricte des impayés de ces IMF basées sur des groupes à responsabilité conjointe. MSC a prévu et prédit un problème important pour la microfinance en Inde alors que la plupart des experts se réjouissaient de l’arrivée des fonds d’investissement privés et des propositions d’introduction en bourse des IMF. La prédiction n’était pas difficile étant donné les trois répétitions générales de l’événement principal que fut la crise de l’Andhra, mais nous étions une voix de prudence isolée dans le chœur d’approbation qui soutenait la commercialisation et la croissance rapide des IMF.
  3. Peu après le lancement du produit de nanocrédit numérique M-Shwari, nous avons proposé des améliorations pour le rendre plus centré sur le client. Cependant, malgré l’enthousiasme du secteur pour le crédit numérique, les recherches et les observations de MSC sur le terrain ont mis en évidence la façon dont le crédit à la consommation numérique était perçu et utilisé au Kenya. Nous avons dû nous poser la question suivante : “Crédit numérique – N’avons-nous pas déjà connu cela avec la microfinance ?” et nous avons esquissé des pistes pour que le crédit numérique puisse être fourni d’une manière plus centrée sur le client et plus rentable. Notre analyse pionnière des données des agences d’évaluation du crédit a confirmé nos craintes.
  4. Malgré l’impact manifeste sur la confiance, la fraude et la protection des consommateurs dans les services financiers numériques n’ont reçu une attention sérieuse que plus de dix ans après le décollage de M-PESA. Pendant de nombreuses années, MSC s’est efforcé de signaler les problèmes de fraude et de protection des consommateurs, en particulier pour les femmes. Toutefois, ce n’est que relativement récemment que ces questions ont perdu leur statut de “vérité dérangeante” et ont commencé à recevoir l’attention qu’elles méritent.
  5. De même, le secteur a à peine reconnu la fracture numérique alors qu’il célébrait la révolution numérique et tout ce qu’elle allait apporter aux personnes à faibles revenus. MSC a une fois de plus été à l’avant-garde des efforts visant à souligner qu’au milieu de l’exubérance et de l’optimisme, nous ne tenions pas compte des réalités de terrain auxquelles sont confrontées les personnes démunies dans les zones rurales. Nous avons posé la question suivante : “La fintech peut-elle vraiment tenir ses promesses en matière d’inclusion financière ?“, puis nous avons examiné l’accès aux téléphones mobiles, la couverture 3G et la manière dont nous pourrions combler le fossé numérique en utilisant des agents.

 

L’approche décentralisée de MSC, ses capacités locales et sa connaissance approfondie des marchés d’Afrique et d’Asie l’ont bien positionné pour catalyser des changements significatifs et durables. Nous sommes fiers de nos réalisations et de notre contribution à l’évolution de l’inclusion financière, de la gouvernance numérique, de l’agriculture, du changement climatique, de l’égalité des sexes, de la santé et de la nutrition. Notre vision est claire : “Un monde où toutes les personnes ont accès à des services financiers, économiques et sociaux de haute qualité, abordables et régis par le marché à l’ère du numérique.”

MSC : 25 ans de leadership et d’impact

Tout le monde se targue d’être un leader d’opinion et d’avoir un impact, et je comprends donc que vous soyez sceptique. Mais accordez-moi quelques minutes pour vous expliquer notre parcours.

Il y a vingt-cinq ans, MicroSave-Africa a été créée pour aider les fournisseurs de microcrédit africains à diversifier leur offre unique en y incluant des produits d’épargne. La solution se trouvait dans le nom de la marque. Cependant, en 1998, les organisations de microcrédit d’Afrique de l’Est souffraient principalement d’un taux de désabonnement très élevé. En effet, leurs produits étaient inadaptés et coûteux pour leur marché cible. La mission de MicroSave a rapidement évolué pour aider les prestataires de services financiers à comprendre et à s’adresser au marché des personnes à faibles revenus.

Favoriser une approche centrée sur le marché 

Dans un premier temps, nous nous sommes concentrés sur la demande et avons adapté l’approche que j’avais utilisé en Asie : des outils d’évaluation participative rapide mis en place dans des groupes de discussion pour obtenir des informations approfondies sur les besoins, les aspirations, les perceptions et les comportements des personnes vulnérables. Nous avons codifié cette approche dans la célèbre boîte à outils “Market Research for MicroFinance“, qui a ensuite été utilisée par des centaines d’IMF et consultants du monde entier. Une société de conseil concurrente l’a d’ailleurs décrite comme “le grand-père de la conception centrée sur l’homme”. Aujourd’hui encore, je ne sais pas s’il s’agissait d’un compliment ou d’un affront!

Mais bien sûr, il ne suffit pas de s’attaquer à la demande. Nous devions également réorganiser l’offre pour qu’elle réponde véritablement aux besoins des clients. Nous avons collaboré avec des experts de premier plan pour élaborer, tester et diffuser une série de boîtes à outils sur presque tous les aspects d’une organisation axée sur le marché. Il s’agit notamment de la planification stratégique, de l’analyse des processus, de la commercialisation des produits et des mesures d’incitation pour le personnel. Ces boîtes à outils sont mises à jour en permanence pour refléter l’évolution rapide du marché. Elles demeurent un élément essentiel de nos programmes de formation internes et externes maintenant proposés par  l’Institut Helix de MSC (voir le tableau ci-dessous).

Equity Bank et la transformation digitale

Equity Bank est devenue un exemple emblématique du travail de MicroSave pour transformer les institutions, d’abord en fonction du marché, puis en fonction du digital. Lorsque Equity Building Society nous a contactés pour la première fois en 2001, elle comptait 109 000 clients. Aujourd’hui, elle sert plus de 15 millions de personnes dans six pays, et 99 % de ses transactions au Kenya se font en dehors de ses agences. C’est un véritable privilège de travailler avec Equity Bank et d’apprendre à ses côtés. La banque reste un exemple inspirant de la manière dont les institutions financières formelles peuvent servir de manière rentable le marché de masse à revenus faibles et modérés si elles utilisent le potentiel de la révolution numérique. Les leçons que nous avons apprises en travaillant avec Equity Bank constituent la base de notre pratique étendue en matière de transformation numérique. Vous pouvez accéder à un webinaire d’introduction gratuit sur la transformation numérique ici (en anglais).

Par conséquent, il était peut-être justifié que l’évaluation finale du projet MicroSave-Africa par FSD-Kenya et le CGAP conclut que “MicroSave a apporté une contribution incontestable à la disponibilité de meilleurs services financiers pour les personnes vulnérables à travers le monde. Ils ont été d’un bon rapport qualité-prix, produisant une multitude de résultats dans la région et au-delà“.

Accélération et optimisation des réseaux d’agents

La création ou l’utilisation de réseaux d’agents efficaces est un élément clé de la transformation digitale. MSC a travaillé avec les principaux opérateurs de réseaux mobiles, les banques et les gestionnaires de réseaux d’agents tiers, les formant et les soutenant. Ces efforts ont été révolutionnaires.

Tout a commencé avec M-PESA. MSC a siégé au comité de pilotage initial et a mené une étude préliminaire sur les clients dans le cadre de l’essai pilote. Cette étude a mis en évidence l’importance du soutien et du suivi des agents.

Nous avons tiré parti de cette expérience pour concevoir et mettre en œuvre le programme Accélérateur de réseaux d’agents (ANA), qui a interrogé 31 500 agents afin d’analyser 81 fournisseurs dans 14 pays. Plus récemment, nous avons travaillé pour la GSMA afin d’étudier les agents de la prochaine génération. Nous avons collaboré avec le CGAP pour comparer, contraster et tirer des leçons de cinq marchés très différents. Nous avons travaillé avec le BCG pour approfondir notre compréhension de l’économie des réseaux d’agents en Indonésie.

Renforcer la gouvernance politique et numérique

MSC collabore avec les gouvernements sur les politiques publiques dans divers domaines, tels que la sécurité alimentaire, l’agriculture, la santé, l’énergie et l’inclusion financière. Nous nous sommes associés à plusieurs pays pour développer, évaluer et mettre en œuvre des infrastructures numériques publiques vitales et les programmes qu’elles soutiennent. Ces pays sont le Bangladesh, l’Éthiopie, l’Inde, l’Indonésie, le Malawi et la Zambie. Nos efforts se sont concentrés sur l’infrastructure de base ainsi que sur le développement et le déploiement de programmes de gouvernement à personne (G2P).

Favoriser la politique et l’impact à l’échelle réelle 

  1. Malawi et Zambie :Nous avons réalisé des évaluations sur l’état de préparation numérique et formulé des feuilles de route détaillées pour la transition des pays vers les paiements numériques G2P.
  2. Inde :
  • Nous avons contribué aux initiatives PAHAL et Ujjwala LPG (gaz de cuisine), éliminant 33 millions de bénéficiaires frauduleux du système ;
  • Nous avons examiné la loi sur la sécurité alimentaire nationale (NFSA) et formulé des recommandations visant à améliorer les résultats nutritionnels de 800 millions de personnes ;
  • Nos conseils pour remodeler le Pradhan Mantri Jan Dhan Yojana (PMJDY) ont permis d’ouvrir près de 500 millions de comptes bancaires avec un solde moyen de 51 USD ;
  • Nous avons recommandé des réformes pour le transfert direct de bénéfices (DBT) dans la distribution d’engrais, qui a depuis bénéficié à 118 millions d’agriculteurs.
  1. Indonésie :
  • Nous avons fourni des informations cruciales sur le programme de transfert de subventions alimentaires Bantuan Pangan Non-Tunai (BPNT), qui comptait 5 millions de bénéficiaires en 2018, et 20 millions aujourd’hui. Il a été rebaptisé le programme Sembako.
  • Notre rôle de conseiller a conduit à l’élaboration d’une stratégie pour le processus de connaissance électronique du client (e-KYC) visant à  bénéficier à 60 millions de personnes non bancarisées en Indonésie.MSC utilise ses connaissances approfondies du marché issues de nos outils de conception centrés sur l’humain et d’analyse des processus pour concevoir des solutions innovantes, mener des tests préliminaires et résoudre des problèmes complexes. Nous fournissons également des services de suivi et d’évaluation qui permettent à nos clients d’optimiser leurs systèmes et leurs opérations.

    Favoriser et développer l’innovation :
    MSC, en tant que leader de l’inclusion numérique, a été impliqué en tant que prestataire de services techniques dans des laboratoires ou des programmes d’accélération au Bangladesh, en Inde, au Sénégal et au Viêt Nam. Ces laboratoires se distinguent par leur engagement envers le développement des startups qui servent les segments à revenus faibles et modérés (LMI). En Inde, le FI Lab a soutenu plus de 50 startups qui ont eu un impact positif sur la vie de plus de 47,7 millions de personnes à faible revenu et ont levé 266,5 millions d’USD de fonds en seulement cinq ans.

    Un centre d’excellence pour le développement professionnel.

    Comme tous les grands cabinets de conseil, MSC connaît un taux de rotation du personnel de 10 à 20 % par an. Certains employés partent en raison du rythme de croissance de l’organisation, ou de la pression liée à notre engagement à exceller. D’autres partent pour poursuivre des études supérieures et utilisent leur expérience chez nous pour s’inscrire à des études de troisième cycle dans des universités prestigieuses, généralement aux États-Unis ou au Royaume-Uni. Certains créent leur propre entreprise, notamment les remarquables FarMart et Flow. Mais beaucoup rejoignent d’autres organisations, le plus souvent le FENU, IFC et la GSMA. Au départ, nous trouvions décourageant de voir partir des employés talentueux après avoir investi du temps et des ressources pour développer leurs compétences. Cependant, nous voyons désormais MSC comme un centre d’excellence respecté et apprécié pour le développement professionnel, avec des diplômés exceptionnels qui apportent des contributions importantes au développement mondial et à notre mission principale : “Renforcer la capacité des institutions à offrir à tous une inclusion financière, économique et sociale à l’ère du numérique, pilotée par le marché et évolutive.”

Autonomisation des populations défavorisées : Le pari d’intégrer les services non financiers et la technologie dans son offre pour améliorer l’accès au crédit et la gestion des services financiers – le cas d’ASSILASSIME Solidarité (AS) au Togo

Malgré une amélioration récente de son Indice de Développement Humain (IDH), le Togo doit surmonter d’énormes défis pour lutter contre la pauvreté et assurer une protection sociale aux populations à faible revenu, notamment dans les zones rurales où 58,8 % de la population vit avec moins de 1,90 dollars américains par jour.

Pour améliorer l’inclusion financière dans les pays en développement, la Swiss Capacity Building Facility (SCBF) à travers des subventions d’assistance technique, soutient les fournisseurs de services financiers dans le développement de produits et services destinés aux populations mal desservies. Grâce à l’assistance de la SCBF, ASSILASSIME Solidarité a élargi sa gamme de services avec des crédits automatisés, les services SMS Banking, et la formation des clients. ASSILASSIME Solidarité est une institution de microfinance sociale qui vise à autonomiser les populations à faible revenu confrontées à des défis sociaux, tels que les personnes vivant avec le VIH, les personnes handicapées et les veuves. Elle met à leur disposition des services de crédit et d’épargne pour les aider à démarrer ou à développer leurs activités génératrices de revenus, que ce soit en zone urbaine ou rurale.

Ce blog revisite l’approche personnalisée d’ASSILASSIME Solidarité, intégrant des services non financiers et la technologie, pour permettre aux clients d’améliorer leur accès au crédit et leur gestion financière.

  1. Les défis de l’inclusion financière au Togo

De nombreux Togolais, en particulier ceux des communautés mal desservies, trouvent difficile d’obtenir un financement auprès des institutions financières formelles. Selon Global Findex, seulement 7%[1] de la population adulte âgée de plus de 15 ans ont obtenu des crédits dans des institutions financières formelles en 2021.

Au Togo, les femmes (45,7 % des ménages tenus par des femmes sont pauvres) sont particulièrement vulnérables, à cause d’un accès réduit aux opportunités économiques, à l’éducation, à la santé et à des infrastructures socioéconomiques de base. La majorité de la population au Togo vit en zones rurales (56 %) mais a rarement accès aux produits et services bancaires. Le nombre de comptes ouverts[2] auprès d’institutions financières formelles et de mobile money est considérablement plus faible en zones rurales qu’en zones urbaines avec un écart moyen de 21 %, ainsi que pour les femmes par rapport aux hommes avec un écart moyen de 11 %.

Outre les difficultés rencontrées par les femmes, les populations ciblées par ASSILASSIME Solidarité font face à des difficultés telles que :

  • L’absence de garanties formelles pour des demandes de crédit auprès d’institutions financières traditionnelles, ce qui accroît leur dépendance à l’égard de sources financières informelles (qui proposent des taux d’intérêt élevés et sont très risqués).
  • L’absence de documentation fiable comme des preuves d’identité valides.
  • Les longues distances entre les institutions financières et les communautés où vivent les populations ciblées.
  • L’absence d’historique de crédit et de données financières des activités commerciales.
  • La capacité financière limitée et la connaissance partielle des produits financiers existants et de leur utilisation.

Pour surmonter ces contraintes, ASSILASSIME Solidarité a développé la méthodologie Amenovi (qui signifie « fraternité » en langue locale Ewe au Togo), comme base de son offre. Cette approche vise à résoudre les difficultés des communautés mal desservies et favoriser leur inclusion financière. Les clients reçoivent des crédits sans fournir d’épargne préalable ni de garantie autre que la caution solidaire. De plus, ils sont formés en éducation financière, à la gestion d’entreprise et à la gestion de certains problèmes sociaux. La crise sanitaire de la COVID-19 a empêché les clients d’accéder et d’utiliser correctement les services financiers. Mais aussi, beaucoup ont vu leurs revenus diminuer. En outre, les incessantes demandes d’accès aux services financiers à distance par les clients a motivé l’institution à rechercher des solutions flexibles. La croissance et la diversification du portefeuille d’ASSILASSIME Solidarité ont nécessité l’optimisation des processus internes. En 2021, ASSILASSIME Solidarité a commencé le processus de transformation numérique pour offrir des services financiers à distance, renforcer sa compétitivité et sa capacité de répondre aux demandes de ses clients.

  1. L’approche globale d’ASSILASSIME Solidarité en matière d’inclusion financière

La méthodologie Amenovi a vu le jour au Bangladesh avec l’Association for Social Advancement (ASA). Quatre principes guident cette méthodologie : l’adhésion au groupe, l’épargne progressive pour les garanties futures, la responsabilité individuelle en cas de défaut et le renforcement continu des capacités par le biais d’ateliers réguliers. ASSILASSIME Solidarité a adapté le modèle ASA au contexte togolais en y adjoignant des formations en gestion sociale et d’entreprise, et en se concentrant sur l’impact social obtenu par les membres du groupe à chaque étape du cycle de crédit, tout en encourageant l’esprit de groupe au sein des communautés.

La méthodologie Amenovi exige une responsabilité individuelle et permet aux bénéficiaires d’obtenir leur premier crédit sans caution solidaire ou garantie financière. Le montant et la durée du crédit sont adaptés à chaque demandeur, et le remboursement est effectué lors des réunions de groupe. Chaque membre du groupe est formé au cours de six sessions de sensibilisation couvrant les principes d’Amenovi qui sont : l’importance de l’épargne régulière, le rôle et les responsabilités des membres du conseil, l’accès et la gestion d’un prêt, les contrats de prêt, la compréhension du calendrier de remboursement et les droits des bénéficiaires. Plusieurs autres activités de renforcement des compétences sont offertes, couvrant des sujets économiques, sociaux, agricoles et sanitaires selon un plan de formation élaboré sur la base d’une évaluation des besoins. L’éducation financière et l’assistance sociale sont les principaux services complémentaires offerts.

Offre de services non financiers d’ASSILASSIME Solidarité

Pour surmonter les défis croissants, ASSILASSIME Solidarité a numérisé ses processus et ses services, améliorant sa position sur le marché et l’expérience client. Le projet a commencé par l’interconnexion de toutes les agences pour permettre aux clients d’accéder à leurs comptes partout dans le réseau. Ensuite, ASSILASSIME Solidarité a développé un service appelé GASSI-ASSI (qui signifie « argent facilement accessible» en langue locale Ewe au Togo) permettant aux clients de transférer de l’argent de leur compte bancaire à leurs portefeuilles de mobile money et vice-versa, à tout moment et incluant la réception des notifications instantanées par SMS. Les clients n’ont plus besoin de se rendre dans une agence ou un point de service pour retirer ou déposer de l’argent, ce qui leur fait gagner du temps qu’ils peuvent consacrer à leurs activités. Désormais, grâce aux canaux numériques, les clients peuvent accéder à une combinaison de produits de crédit et d’épargne partout où ils se trouvent.

Services et produits financiers d’ASSILASSIME Solidarité

ASSILASSIME Solidarité a automatisé ses processus opérationnels dont le processus de crédit, le processus de collecte de données sur le terrain, le processus de dépôt et le processus de gestion de la performance sociale. Les membres du personnel agents mobiles sont équipés de terminaux mobiles à utiliser sur le terrain. Avec la digitalisation du processus de comité de crédit, le temps de traitement des demandes de crédit a été réduit et la collecte de fonds sur le terrain a aidé à enrichir les historiques crédit des clients. Ces ajustements ont renforcé la confiance des clients dans l’institution. Enfin, les fonctionnalités du SMS Banking ont permis aux clients de recevoir des notifications par SMS quelle que soit la transaction ou l’opération effectuée sur leurs comptes (dépôts, solde de compte, retraits, campagnes de SMS push et rappels de date de remboursement).

Approche globale d’ASSILASSIME Solidarité

3. L’impact de l’approche d’ASSILASSIME Solidarité

L’étude de cas a révélé deux niveaux distincts d’impacts à la suite de la recherche menée :

  • Au niveau institutionnel : les services d’ASSILASSIME Solidarité ont significativement augmenté l’engagement des clients dont plus de 91 000 utilisent les membres du personnel agents mobiles pour effectuer leurs transactions (soit une augmentation de 283,5 % par rapport à 2020). Environ 29 % des prêts ont été émis via les membres du personnel agents mobiles qui gèrent désormais la plupart des demandes de crédit. Grâce au projet, 443 715 clients ont participé à des sessions d’éducation financière, parmi lesquels 70 765 ont bénéficié de sessions sur les services numériques. Les principaux domaines impactés concernent :

Impact d’ASSILASSIME Solidarité – niveau institutionnel

  • Au niveau de la clientèle : l’accès à distance aux informations et transactions des comptes a apporté une réelle valeur ajoutée aux clients.

Impact d’ASSILASSIME Solidarité – niveau des clients

4. Défis, enseignements clés et conclusions

La digitalisation des services de microfinance aide à remédier à l’exclusion financière. Cependant, ASSILASSIME Solidarité a rencontré quelques défis parmi lesquels :

  • L’analphabétisme digital des clients : certains clients, notamment en zones rurales, ont des difficultés à utiliser les services mobiles, ce qui entraîne parfois une baisse de leur activité sur la plateforme.
  • La conversion des clients : La gestion du changement est un processus à la fois crucial et délicat. Convaincre les clients de l’utilité des services ainsi que des coûts associés nécessite une communication adéquate. ASSILASSIME Solidarité a mis en place un système de sensibilisation par le biais de groupes de formation et au sein de ses agences pour encourager les clients réticents à utiliser ses services.
  • Les infrastructures technologiques limitées : L’instabilité du réseau et de la connexion internet est récurrente, en particulier dans les zones éloignées. Une connectivité médiocre a rendu difficile le bon fonctionnement des membres du personnel agents mobiles et a empêché certains clients d’utiliser le service de mobile money par crainte de manquer leur échéance en cas de défaillance du système.
  • Le risque accru d’insécurité et de fraude pour les agents mobiles : Les agents mobiles manipulent souvent des sommes d’argent substantielles lors des opérations sur le terrain, ce qui les expose à un risque accru de vol, d’agression ou de détournement potentiel par les agents eux-mêmes. Pour atténuer ces risques, ASSILASSIME Solidarité a demandé à ses agents mobiles de déposer les fonds à la banque partenaire la plus proche lorsque le seuil limite par tournées est atteint.

L’expérience d’ASSILASSIME Solidarité montre qu’il est important de mener des études de marché et des évaluations institutionnelles avant de lancer un projet. Ces étapes permettent à une institution d’identifier et de répondre aux besoins des clients, notamment dans le cadre de la transformation digitale des services financiers. Négliger cette phase peut nuire à l’adoption par les utilisateurs, bien qu’une amélioration continue reste essentielle.

Il est impératif de rester informé des avancées technologiques, des tendances du secteur et des besoins des clients lors de la transformation numérique. Exploiter les retours des clients et l’analyse des données est déterminant pour affiner et adapter les stratégies en vue d’une expansion durable. La digitalisation des processus et des offres favorise des liens plus étroits entre l’institution et sa clientèle, élargissant ainsi l’accès aux services pour un segment plus large des populations défavorisées.

Les programmes d’éducation financière sont nécessaires pour renforcer la compréhension des services financiers par les clients, leur permettant de faire des choix financiers éclairés et de planifier stratégiquement leurs finances pour se préparer aux périodes difficiles. Encourager les clients à maîtriser la gestion du crédit et à respecter la discipline du groupe est bénéfique tant pour ASSILASSIME Solidarité que pour ses clients. Enfin, l’apprentissage par les pairs et le partage de conseils et d’expériences renforcent les avantages des clients.

En conclusion, l’initiative d’ASSILASSIME Solidarité au Togo, soutenue par la Swiss Capacity Building Facility (SCBF), témoigne de la puissance de la méthodologie Amenovi, une approche centrée sur le client pour l’inclusion financière, et qui associe services non financiers et services financiers digitaux. Elle aide les clients à développer des compétences et des connaissances financières, élimine les obstacles au crédit tels que les exigences de garantie, favorise l’autonomisation financière, la résilience économique et la confiance entre pairs, comble le fossé des distances et améliore l’aisance d’utilisation des services.

 

[1] Ces données sont obtenues à partir de la base de données de Global Findex, Togo data 2021,

[2] 43% pour les zones rurales et 64% pour les zones urbaines; 44% pour les femmes et 55% pour les hommes; base de données de Global Findex, Togo data 2021,

Services Financiers accessibles aux populations à faible revenu par l’éducation financière et l’autonomisation sociale : cas de Assilassimé au Togo

En complément de ces efforts, Assilassimé Solidarité a travaillé sur les projets d’interconnexion et de digitalisation pour développer leurs services digitaux (B2W/W2B et services bancaires par SMS) et pour numériser leurs processus de crédit, ce qui a donné des résultats positifs.
Voici une infographie présentant l’essentiel du projet, les défis rencontrés, les résultats et les leçons tirées

Faciliter l’accès aux services financiers au Bénin grâce à la technologie – Exemple de FECECAM Bénin

“Au Bénin, les solutions numériques ouvrent la voie à l’inclusion financière. Il était urgent d’offrir à la population une formation à l’éducation financière adéquate et bien conçue, afin de l’aider à accroître ses compétences financières et à accéder plus facilement aux services financiers et à se protéger. Notre dernière infographie met en lumière l’impact des outils numériques sur l’éducation financière et l’accessibilité des services pour tous.”

Groupes d’entraide : Comment autonomiser les femmes rurales, et leur rendre accessibles les services financiers au Mali ? Cas de CAMIDE

“Au Mali, les femmes rurales sont l’épine dorsale de leurs communautés, mais l’accès aux services financiers a longtemps été un défi. Nous sommes ravis de partager une infographie mettant en évidence la façon dont les groupes d’entairde conduisent un changement positif
Principaux enseignements :
– La méthodologie Yeredeme permet aux femmes de s’organiser en groupes et de s’entraider grâce au suivi par les pairs, à l’éducation financière et au développement d’activités de subsistance.
– Un meilleur accès aux services financiers formels aide les femmes à augmenter leurs revenus et à contrôler leurs entreprises.
– Les femmes qui ont reçu une formation adéquate peuvent rembourser leurs prêts plus facilement et se sentent plus confiantes dans les demandes futures.”