Riskcovry : l’assurance prête à l’emploi

Riskcovry : l’assurance prête à l’emploi

Diya ChatterjeeAnil Gupta and Anshul Saxena, juin 2020

Ce blog retrace le parcours d’une start-up du Laboratoire d’inclusion financière (Financial Inclusion Lab), un accélérateur de start-ups qui reçoit le soutien de certaines des plus grandes organisations philanthropiques du monde – la Fondation Bill & Melinda Gates, JP Morgan, la Fondation Michael & Susan Dell, la Fondation MetLife et le Omidyar Network.

« Pourquoi devrais-je acheter une police d’assurance groupée contenant plusieurs couvertures inutiles alors que j’ai juste besoin d’un ou deux produits ? » demande Kumar, un marchand de tissus de Delhi. Kumar, comme beaucoup de ses confrères commerçants, possède un petit magasin dans une des rues étroites, très peuplées et très fréquentées de l’un des plus vieux marchés de l’Inde : Chandni Chowk. Quand on se promène dans les ruelles de Chandni Chowk, on remarque vite les enchevêtrements de vieux fils électriques dangereusement accrochés à faible hauteur dans des espaces confinés. Ils augmentent le risque d’électrocution susceptible de provoquer des incendies, qui pourraient facilement se propager et brûler un nombre important de magasins, détruisant des vies en un instant. 

Bien qu’ils aient conscience de ces risques, des commerçants comme Kumar hésitent à souscrire des contrats d’assurance pour protéger leur activité ou leurs biens parce que les courtiers et les compagnies d’assurance essaient de leur vendre des polices d’assurance qui sont chères et couvrent des risques non pertinents (comme par exemple le risque d’inondation). 

Kumar a besoin d’un produit d’assurance personnalisable en fonction de ses besoins et des risques auxquels son entreprise est exposée (comme par exemple le risque d’incendie). 

La prise de conscience

Suvendu, Vidya, Sorabh et Chiranth (figure 1) sont tous les quatre passés par l’étape difficile et compliquée de connaître et d’acheter ou de vendre des produits d’assurance. Ils avaient l’habitude de se rencontrer régulièrement dans le cadre de différents forums et séminaires ayant trait à l’assurance, partageant leurs expériences et leurs frustrations concernant le secteur, et ont fini par se lier d’amitié. Lorsqu’ils ont pris conscience de leur volonté commune d’améliorer le secteur de l’assurance au moyen de la technologie et de l’analyse des données, ils ont décidé de créer leur propre start-up. C’est ainsi que Riskcovry a vu le jour en février 2018.

Figure 1 : L’équipe Riskcovry

Le pitch

D’après l’IRDAI (autorité de réglementation et de développement de l’assurance de l’Inde), le taux de pénétration de l’assurance dans le pays est égal à 3,7 % du Produit intérieur brut (PIB), ce qui représente la moitié de la pénétration moyenne de l’assurance dans le monde. Alors que la densité d’assurance en Inde est de seulement 74 USD, la moyenne mondiale atteint 638 USD. Ces chiffres illustrent l’important retard du marché indien de l’assurance en termes respectivement d’équipement des clients et de produits d’assurance détenus par chaque client. Cependant, du point de vue d’un entrepreneur, ils représentent une formidable opportunité de développement d’une entreprise.

L’équipe Riskcovry a décidé de s’attaquer à ce déficit d’équipement en offrant des produits d’assurance personnalisés aux commerçants comme Kumar.

Qu’est-ce qui fait la particularité de l’offre de Riskcovry ? 

En imaginant un parcours fondé sur une expérience utilisateur (UX) efficace et mise en œuvre au moyen d’une interface utilisateur (UI) soigneusement conçue au niveau de son portail d’assurance en ligne, Riskcovry fait du cycle complet de sélection et d’achat d’un ou plusieurs produits d’assurance adaptés un processus rapide en 4 ou 5 étapes qui s’exécute en quelques minutes. 

Riskcovry se distingue ainsi de la concurrence en autorisant une personnalisation des produits dans le cadre d’un processus d’achat en ligne simple et rapide.

L’impact sur les segments à faible et moyen revenu

À ce jour, l’impact de Riskcovry sur les segments à faible et moyen revenu est de deux ordres :

Riskcovry collecte des renseignements financiers et non financiers qui sont traités par son équipe d’analyse statistique pour identifier les clients à faible et moyen revenu risqués et potentiels. Dans de nombreux cas, ces clients n’ont pas assez de données officielles pour posséder un « crédit scoring » et être ainsi reconnus par les bureaux de crédit officiels. En plus de vendre avec succès à cette clientèle, Riskcovry le fait à des prix raisonnables, qui vont de 20 à 1500 INR (ou, 0.25 USD à 20 USD)  en fonction de la couverture choisie (vie/maladie/IARD) et de la durée du contrat (3 mois/6 mois/un an, etc.).

Riskcovry s’est également rendu compte que la confiance est un facteur de décision important pour les clients, qui achètent de l’assurance auprès de personnes qu’ils connaissent. Riskcovry a donc également mis en place des circuits de distribution reposant sur un modèle d’agent dans les zones rurales. Ce modèle repose sur la formation de jeunes au chômage ou de femmes qui jouent le rôle d’agent d’assurance au niveau de leur quartier et vendent des produits adaptés aux commerçants qu’ils connaissent, à leurs amis ou connaissances, voire parfois à leur famille. Dans le cadre de son projet « Mission Maharashtra », Riskcovry déclare avoir déjà activé 5 000 entrepreneurs de quartier et pénétré ainsi 355 quartiers de l’état indien du Maharashtra.

Les obstacles

Comme toute start-up, le parcours de Riskcovry a été semé d’embûches. Bien qu’il ne lui ait pas fallu longtemps pour lancer son portail de vente en ligne de produits d’assurance personnalisés destinés aux petits commerçants, Riskcovry a rapidement pris conscience de la nécessité d’avoir un modèle assisté par des agents (dans lequel un agent d’assurance aide le client à acheter le bon produit en le guidant dans le portail en ligne de l’entreprise), car les clients étaient réticents à acheter de l’assurance sans avoir la possibilité de dialoguer avec un être humain. En tant que start-up, Riskcovry n’avait toutefois que des ressources limitées, au niveau notamment de son équipe commerciale, pour répondre à la demande croissante de ces clients. 

Un autre problème rencontré par Riskcovry était le manque de notoriété (« valeur ») de sa marque. Par conséquent, même les clients qui souhaitaient souscrire un contrat d’assurance n’avaient pas forcément envie de le faire avec Riskcovry.

Riskcovry a donc sollicité l’aide du Lab pour surmonter ces difficultés.

Le soutien du Lab

Composé de CIIE.CO et de son partenaire de connaissance MSC, et bénéficiant du soutien de plusieurs bailleurs de fonds réputés, le Lab apporte une assistance technique et commerciale aux start-ups de chacune de ses cohortes dans le cadre d’ateliers de travail intensifs, de journées de démonstration, de diagnostics, d’appels d’accompagnement et de séances de formation personnalisées. 

En ce qui concerne Riskcovry, le Lab lui a permis d’identifier le bon canal produit pour le segment des petits commerçants et l’a aidé à définir une stratégie de choix d’un circuit de distribution adapté à chaque produit. Cela s’est par exemple traduit par des contacts avec des banques coopératives pour exploiter le modèle de vente assistée pour la distribution de contrats d’assurance-vie ou par l’association de produits de crédit et d’assurance pour s’appuyer sur les institutions de microfinance (IMF) et les banques de détail en tant que partenaires de distribution. 

Sachant que la petite équipe commerciale de Riskcovry n’avait pas les moyens d’être en contact avec les clients finaux de l’entreprise, le Lab a collaboré avec Riskcovry pour transformer le modèle commercial B2C de l’entreprise en modèle B2B2C. Cela, afin de lui permettre d’exploiter les relations clients existantes de chaînes de magasin de vente au détail ou de réseaux de correspondants BCNM (Business Correspondent Network Management) pour vendre par leur intermédiaire. Ce modèle commercial a non seulement permis de résoudre le problème des contacts avec la clientèle, mais a également atténué l’obstacle du manque de confiance des clients à l’égard de Riskcovry, car le produit est désormais vendu par l’intermédiaire d’une enseigne réputée que les clients connaissent depuis longtemps. 

Riskcovry a pu ainsi nouer des partenariats inédits pour le secteur avec de grandes enseignes de supermarchés et des correspondants bancaires en tant que partenaires commerciaux, ce qui lui permet de toucher aujourd’hui des centaines de salariés et clients de ces entreprises dans les agglomérations de type 2 et 3. Cette accélération des efforts de commercialisation de Riskcovry se manifeste à la fois dans le temps (de plusieurs mois à quelques semaines) et dans les volumes (de quelques clients à plusieurs centaines). Bien que l’équipe dédiée de Riskcovry soit le principal moteur de cette réussite, nous sommes heureux au sein du Lab d’y avoir apporté notre contribution. 

Exploiter les opportunités créées par la crise de la COVID-19

Personne n’avait anticipé la pandémie et les problèmes sanitaires, financiers et économiques qui en découleraient. Il n’y avait donc aucune couverture d’assurance spécifique dans le monde pour y faire face. Bon nombre de compagnies d’assurance ont été dépassées par la propagation rapide de la maladie et ont mis du temps à s’adapter pour élaborer des contrats appropriés. Cette situation a permis de faire ressortir l’agilité et les compétences de Riskcovry.

La start-up a rapidement pris conscience de la situation et a tout aussi rapidement élaboré une offre de contrats d’assurance personnalisés de type « Do-It-Yourself » (DIY) issus de ses différents fournisseurs de contrats d’assurance. Elle a récemment lancé des contrats d’assurance COVID-19, qui couvrent l’hospitalisation et d’autres frais médicaux. Vous pouvez en découvrir davantage ici.

En partageant les API avec des prestataires de services ne faisant pas partie du secteur financier, comme par exemple les EdTechs dans l’éducation ou les AgTech dans le secteur agricoles, Riskcovry explore également la possibilité d’intégrer des produits d’assurance adaptés à leur offre de produits.

Les perspectives d’avenir

A plus long-terme, au delà de la situation actuelle, Riskcovry prévoit d’étendre la commercialisation de son nouveau concept d’assurance à d’autres marchés émergents. L’entreprise souhaite également renforcer ses circuits de distribution, promouvoir des produits d’assurance « rapide » et redonner ainsi un nouvel attrait à l’assurance dans son ensemble. 

Ce blog fait partie d’une série d’articles consacrés à des FinTech prometteuses qui sont source de changement au sein des communautés défavorisées. Ces entreprises bénéficient du soutien du Laboratoire d’inclusion financière (Financial Inclusion Lab), un accélérateur de start-ups également parrainé par MicroSave Consulting (MSC) qui fait partie de l’initiative indienne, “Bharat Inclusion Initiative”  du Centre for Innovation Incubation and Entrepreneurship (CIIE.CO) en Inde. 

FinTech inclusives en Afrique francophone – Synthèse

FinTech inclusives en Afrique francophone – Synthèse

Juin 2020

Dans le cadre du programme de la Fondation Mastercard pour le renforcement des capacités en Afrique francophone, MicroSave Consulting (MSC) a mené une étude sur le rôle que peuvent jouer les start-ups FinTech pour accélérer l’inclusion financière.

L’étude porte sur les trois questions clés suivantes :

  1. Quel est le niveau d’inclusion financière et où la disruption digitale peut-elle combler les lacunes ?
  2. Comment les FinTech font-elles progresser l’inclusion financière et quels sont les défis auxquels elles sont confrontées ?
  3. Quelle est l’importance des partenariats avec les opérateurs historiques et les autres acteurs de l’écosystème et comment font-ils progresser l’inclusion financière ?

L’étude aborde tout d’abord les principales caractéristiques de l’inclusion financière et les contraintes et opportunités des services financiers digitaux, suivies d’un aperçu du secteur des FinTech. L’étude synthétise ensuite les principales conclusions concernant l’écosystème de soutien, qui se compose des quatre piliers clés suivants :

  1. Accès au capital
  2. Accès aux talents
  3. Collaboration
  4. Cadre politique et réglementaire

Enfin, l’étude formule un certain nombre de recommandations clés pour orienter les prochaines étapes du développement de l’inclusion financière par le prisme des FinTech.

Cette synthèse présente les principales conclusions et recommandations des rapports pays résultant de l’étude.

Connecter l’Inde à Bharat grâce aux prêts P2P

Connecter l’Inde à Bharat grâce aux prêts P2P 

 Neha ParakhAnil Gupta et Anshul Saxena, juin 2020 

Ce blog retrace le parcours d’une start-up du Laboratoire d’inclusion financière (Financial Inclusion Lab), un accélérateur de start-ups qui reçoit le soutien de certaines des plus grandes organisations philanthropiques du monde – la Fondation Bill & Melinda Gates, JP Morgan, la Fondation Michael & Susan Dell, la Fondation MetLife et le Omidyar Network.

Pour les petits emprunteurs comme Indumathi, ce problème est insurmontable. Les banques traditionnelles considèrent qu’il est coûteux d’évaluer ces emprunteurs et difficile d’analyser leurs dossiers de prêts en raison d’un historique de crédit limité ou inexistant. Cette situation offre un potentiel de changement « perturbateur », dont certaines start-ups comme RupeeCircle entendent bien profiter. RupeeCircle est une plateforme digitale qui met en contact des emprunteurs solvables avec des investisseurs. L’entreprise affirme que les banques nationalisées traditionnelles rejettent plus de 70 % des demandes de prêts qu’elles reçoivent en raison du coût élevé de l’analyse des dossiers. De leur côté, les prêts des IMF sont de faible montant, exigent généralement un groupe et ne répondent pas toujours aux besoins des emprunteurs. Face à ces obstacles, beaucoup de personnes sont obligées d’emprunter auprès de circuits officieux à des taux exorbitants, ce qui alourdit leur endettement et entrave leurs ambitions de développement. Elles se retrouvent souvent prises dans un cercle vicieux, obligées de souscrire de nouveaux emprunts pour rembourser les précédents.

Le pitch : une nouvelle approche de l’analyse de crédit

RupeeCircle a vu le jour lorsque Ajit, un ingénieur issu de l’IIT Bombay, une des premières institutions de la technologie en Inde, a pris conscience de ce cercle vicieux après avoir travaillé plusieurs années au sein de grandes banques dans le domaine de l’analyse de risques et de données. Avec son ami Abhishek, un ingénieur également titulaire du CFA et d’un MBA, ils ont réalisé qu’ils pouvaient mettre la technologie et la science des données au service de l’analyse et de la gestion des risques pour remettre en cause l’intermédiation traditionnelle des banques et faire le lien entre emprunteurs et épargnants en quête de rendements ajustés aux risques plus élevés. Rejoints par leurs camarades de promotion respectifs Ashish et Piyush, Ajit et Abhishek se sont lancés dans l’aventure de RupeeCircle.

Alimenter les aspirations de développement du segment à faible et moyen revenu 

En tant que plateforme de prêts entre particuliers (P2P), RupeeCircle met en contact des emprunteurs solvables avec des investisseurs qui recherchent des rendements plus rapides et plus élevés que ceux des instruments de placement traditionnels tels que les dépôts à terme ou les SICAV liquides. L’entreprise se sert de modèles internes de credit-scoring pour évaluer et analyser les demandes de prêts. Elle utilise les nouvelles technologies pour traiter les demandes et mettre en rapport les emprunteurs avec les investisseurs (prêteurs). Elle se sert de plusieurs bases statistiques alternatives pour évaluer la capacité de remboursement des emprunteurs, même lorsque ceux-ci ne possèdent pas d’antécédents de crédit officiels. 

RupeeCircle vise le segment des salariés et entrepreneurs individuels à faible et moyen revenu qui gagnent moins de 30 000 INR (USD 390 ) par mois. L’entreprise a développé en interne une application mobile de production et de gestion des prêts et des systèmes de back-end pour l’enregistrement des emprunteurs et des prêteurs au moyen d’un processus étape par étape numériquement assisté. Lorsque les investisseurs s’inscrivent et remplissent les formalités de connaissance du client (KYC), ils accèdent à un aperçu de l’ensemble des emprunteurs enregistrés. Ils peuvent alors consulter le dossier détaillé de chaque emprunteur et choisir le montant qu’ils souhaitent investir auprès des emprunteurs de leur choix. 

Le système RupeeCircle classe les emprunteurs en différentes catégories en fonction de leur profil de risque. Cette classification permet aux investisseurs de diversifier leurs engagements et de sélectionner eux-mêmes des emprunteurs conformes à leurs souhaits. Cette approche étape par étape numériquement assistée a permis à RupeeCircle de diffuser sa proposition auprès de segments sous-bancarisés, comme par exemple le personnel de ménage, les chauffeurs, les ouvriers ou les gardes de sécurité, qui sont en grande majorité de nouveaux utilisateurs de l’application, voire de nouveaux utilisateurs du digital. 

La banque centrale indienne, la Reserve Bank of India (RBI), a récemment collecté des données financières complètes auprès de l’ensemble des acteurs P2P du marché qui ne sont pas des établissements financiers du secteur bancaire. L’activité P2P repose sur des volumes importants, car les frais d’exploitation sont élevés. Sur la base de ces données, la RBI a décidé d’augmenter le plafond de prêt de 1 million à 5 millions d’INR (USD 13,000 à USD 65,000). Cette décision représente une véritable aubaine pour l’activité de RupeeCircle, qui a déjà réalisé des progrès considérables pendant ses deux premières années d’existence, comme illustré dans la figure ci-jointe. 

L’évolution : stratégie de développement de l’activité dans les régions existantes et d’expansion vers d’autres régions

RupeeCircle a lancé ses services en 2017 et faisait partie de la seconde promotion du Financial Inclusion Lab. Avant de rejoindre le Lab, RupeeCircle s’était heurtée aux difficultés courantes d’une start-up : croissance sporadique et baisses de revenus imprévisibles. Son défi était par conséquent de parvenir à des stratégies viables de commercialisation et de développement. L’entreprise souhaitait également mieux cerner son potentiel de marché sur la base des différents segments qu’elle était susceptible de toucher dans les différentes régions. Des ateliers de travail intensifs, des séances de diagnostic et des formations organisées par CIIE.CO et MSC ont permis à RupeeCircle d’identifier ces difficultés et de définir une stratégie pour planifier un développement plus régulier, soutenu et structuré. 

L’équipe de conseil du Lab a aidé RupeeCircle à définir une matrice de choix des agglomérations sur la base d’un ensemble de critères de sélection des villes indiennes, allant du taux de pénétration des smartphones au risque de catastrophes naturelles. La start-up s’est servie de cette approche matricielle pour élargir son marché et ses segments de clientèle à Chennai et Kochi, deux villes principales au sud du pays. Le fait de mieux comprendre ses segments cibles a permis à RupeeCircle de repenser et de reconfigurer son produit. L’équipe de conseil a également aidé RupeeCircle à élargir sa couverture au moyen de stratégies ciblées de marketing digital, en adaptant le contenu, les réseaux sociaux utilisés et les canaux des moteurs de recherche en fonction des segments visés. En plus de gagner en visibilité, l’entreprise a également été en mesure de surmonter certaines difficultés opérationnelles en s’aidant du Stack India dans le contexte P2P.

Faire face à la pandémie de COVID-19

La pandémie de coronavirus place les prêteurs et les emprunteurs de RupeeCircle dans une situation difficile. À ce jour, beaucoup d’emprunteurs ont perdu leurs moyens de subsistance, et donc leur capacité de remboursement. Dans un contexte de crise, les prêteurs préfèrent épargner sur des instruments financiers très peu risqués en prévision des mauvais jours. Pour passer le cap, RupeeCircle a les projets suivants :

  • Attirer des emprunteurs du secteur des « produits et services essentiels », comme par exemple les livreurs des entreprises de livraison à domicile de produits alimentaires – au moins pour le court terme. Ce secteur est en plein essor et continuera sur cette trajectoire en raison de la persistance des restrictions sur les déplacements et du confinement de la population dans de nombreux États indiens. Les perspectives d’emploi et les revenus de ces travailleurs sont donc en hausse. En accueillant des emprunteurs de ce secteur, RupeeCircle pourra conserver certains prêteurs existants tout en essayant d’attirer de nouveaux prêteurs en réduisant les risques d’impayé.
  • Automatiser et numériser dans toute la mesure du possible le processus d’inscription des emprunteurs et des prêteurs, afin de réduire les points de contact physique et de respecter la distanciation sociale.
  • Recalibrer ses algorithmes de notation de crédit et de rapprochement entre prêteurs et emprunteurs pour les adapter à la situation actuelle.

Perspectives d’avenir

RupeeCircle se veut « l’Amazon du crédit » pour rapprocher les segments peu bancarisés du pays des nouveaux investisseurs de la génération du millénaire indienne. Actuellement présente à Mumbai et Chennai, l’entreprise prévoit de développer son activité dans l’ensemble du pays pour servir les 500 millions d’emprunteurs « invisibles » et « non scorables » du marché indien. Pour soutenir ces emprunteurs, RupeeCircle prévoit également de lancer différentes actions de marketing et de relations publiques pour faire la promotion des prêts entre particuliers en tant que classe d’actifs alternative à fort potentiel, capable d’offrir des rendements ajustés au risque intéressants et adaptés à la population grandissante des membres de la génération du millénaire à hauts revenus de l’Inde. Grâce à son modèle centré sur le client, à la science des données, à la technologie et à l’innovation continue, l’entreprise a pour ambition de révolutionner le secteur bancaire tel que nous le connaissons. 

Ce blog fait partie d’une série consacrée à des FinTech prometteuses qui sont sources de changement au sein des communautés défavorisées. Ces entreprises bénéficient du soutien du Financial Inclusion Lab, un accélérateur de start-ups parrainé par MicroSave Consulting (MSC) qui fait partie de l’Initiative indienne, “Bharat Inclusion Initiative,” du Centre for Innovation Incubation and Entrepreneurship (CIIE.CO).

La FinTech face à la crise – 2ème partie : sept approches pour survivre à la pandémie de COVID-19

La FinTech face à la crise – 2ème partie : sept approches pour survivre à la pandémie de COVID-19

Akshat PathakAnshul SaxenaSunil Bhat et Anil Gupta, juin 2020

Comme évoqué dans le premier volet de cette série de deux articles, la pandémie de COVID-19 a engendré des défis sans précédent pour le secteur des services financiers, en particulier sur les marchés émergents. Alors que le secteur reste aux prises avec la situation sanitaire, les mesures de confinement et une incertitude économique croissante, les FinTech doivent repenser leur stratégie pour résister à la crise et saisir de nouvelles opportunités.

Depuis le 15 avril, MSC s’est entretenu avec un large éventail de FinTech, d’investisseurs, de décideurs politiques et d’associations professionnelles de six marchés émergents (Bangladesh, Côte d’Ivoire, Inde, Indonésie, Sénégal et Vietnam) pour mieux comprendre comment ces différents acteurs font face à la crise. En l’absence de guide de référence ou de précédent auquel se référer, les entreprises FinTech s’efforcent de leur propre chef de s’adapter à ces temps difficiles. Certaines ont mis au point de nouveaux outils et services, tandis que d’autres proposent des services existants avec des ajustements innovants. Il ressort de nos discussions et d’autres analyses que les FinTech sont en train d’adopter plusieurs mesures clés pour rester pertinentes, accélérer leur redressement et renforcer leur résilience pendant cette crise. Nous examinons ci-dessous sept approches utilisées par les FinTech pour surmonter les défis engendrés par la pandémie.

1.La capacité d’adaptation est à la base de tout

Il est clair que l’heure est au changement et à l’adaptation à de nouvelles circonstances. Une start-up FinTech/logistique que nous avons rencontrée a ainsi modifié sa stratégie commerciale et son infrastructure de distribution pour s’adapter aux nouvelles priorités et demandes de sa clientèle rurale, qui est passée de produits discrétionnaires à des produits essentiels. Elle compense ainsi des marges beaucoup plus faibles sur la distribution de produits essentiels par des volumes plus importants et des délais de rotation plus courts.

2. L’improvisation est indispensable à la survie

Beaucoup d’entreprises FinTech s’appuient sur la vérification en personne de l’identité des clients. Pendant la pandémie, certaines d’entre elles sont passées à la vérification par appel vidéo tout en maintenant les normes d’assurance qualité promises. Cette improvisation leur a permis de poursuivre leur activité tout en réalisant des économies substantielles sur la logistique.

3. Les pratiques commerciales éthiques sont plus que jamais d’actualité

Les mesures de confinement de type « lockdown » ont provoqué des achats de panique chez les consommateurs soucieux de se constituer des stocks de produits essentiels et non essentiels. Quelques entreprises opportunistes ont réagi en augmentant considérablement leurs prix. Les FinTech qui ont répondu à notre enquête estiment toutefois qu’il est important de rester fidèle à son éthique. L’une d’elles a ainsi honoré son engagement d’aider les agriculteurs à obtenir un prix équitable pour leurs produits. Autorisée à poursuivre ses livraisons de produits essentiels dans les zones de confinement en Inde, elle a continué à facturer ses prix habituels à sa clientèle de détaillants qui étaient prêts à payer davantage. Cette approche porte ses fruits : certains détaillants importants sont prêts à lui accorder en retour le « droit de premier refus » pour les commandes de grandes quantités qu’elle pourrait avoir du mal à livrer.

4. L’empathie envers les clients est l’ingrédient secret de la réussite

Les FinTech de crédit et de prêt auxquelles nous avons parlé partagent un souci commun : celui que les emprunteurs ne soient pas en mesure de rembourser leurs emprunts pendant la crise. Face à l’imminence des impayés provoqués par la perte de revenus, certaines d’entre elles ont adopté une autre approche, offrant la possibilité de convertir les prêts à court terme (1 à 4 mois) en prêts à plus long terme (4 à 8 mois), moyennant des frais de dossier peu élevés. Si les impayés sont ainsi maîtrisés, certains clients sont même prêts à payer plus que le montant de leurs échéances, qui ont maintenant été réduites.

5. L’innovation reste à l’ordre du jour

L’apparition de la pandémie a amené beaucoup de consommateurs à se constituer des réserves de produits alimentaires, de produits de première nécessité et d’argent liquide. Les banques centrales des marchés couverts par notre recherche font état d’une forte augmentation du numéraire en circulation et des retraits d’espèces au cours des quatre dernières semaines. Malgré les mesures de confinement, la demande d’argent liquide en tant que « valeur refuge » continue d’augmenter, notamment au sein des communautés à faible et moyen revenu qui se préparent à affronter des jours difficiles. Cette situation affecte les FinTech qui commercialisent des produits d’épargne. Certaines d’entre elles réfléchissent à des solutions innovantes pour enrayer la diminution de leur clientèle, en ajoutant par exemple des produits complémentaires à leur offre (nano-assurance par exemple).

6. La pertinence est la clé de la prospérité

L’ampleur de la pandémie et les difficultés sanitaires et économiques qui en découlent ont submergé le secteur des services financiers, en particulier les assureurs. Certaines « AssurTech » et FinTech établies proposent toutefois des produits utiles et abordables pour aider les communautés à faible et moyen revenu à se protéger. Une start-up FinTech indienne a rapidement évalué la situation et mis en place une offre « à la carte » issue de différents fournisseurs de contrats d’assurance, ce qui permet aux clients de choisir exactement la couverture dont ils ont besoin. Une autre FinTech propose des produits de nano-assurance en matière d’assurance vie et d’assurance décès qui comprennent une couverture hospitalisation pour la COVID-19, en partenariat avec une grande compagnie d’assurance, moyennant une prime annuelle de 8 à 14 USD.

7. L’ironie du moment : les preneurs de risques sont les plus averses au risque

Les sociétés de capital-risque et de capital-investissement (private equity) sont censées figurer parmi les principaux preneurs de risque, car elles investissent dans la classe d’actifs la plus risquée qui soit : les start-ups. Dans un scénario habituel de repli des marchés, ces sociétés profitent de l’occasion et se tiennent prêtes à financer ou acquérir des start-ups FinTech. Cependant, dans le contexte actuel d’incertitude économique, certaines de ces sociétés sur les marchés que nous suivons se demandent quelles sont les FinTech qu’elles continueront de financer et quelles sont celles qu’elles abandonneront dans le souci de se concentrer sur leurs investissements les moins risqués. Anup Jain, associé gérant chez Orios Venture Partners, résume bien le sentiment général des investisseurs aujourd’hui lorsqu’il déclare : « Les fonds vont maintenant préserver au maximum leurs munitions pour financer leurs propres entreprises en portefeuille ».

Avec des investisseurs qui hésitent à continuer de financer les FinTech les plus risquées, nous pourrions observer une baisse de l’activité d’investissement sur le deuxième trimestre de 2020 et au-delà.

Perspectives pour les prochains mois

Il est clair que nous vivons une époque incertaine. Une approche qui fonctionne aujourd’hui pourrait ne plus fonctionner demain. De nouvelles approches plus innovantes sont pourtant déjà en train d’émerger, les FinTech s’efforçant de s’adapter à des circonstances qui évoluent rapidement. Grâce à ses recherches holistiques multi-pays sur les FinTech et leurs partenaires de l’écosystème, MSC continuera de suivre et d’évaluer les réponses politiques, réglementaires et sectorielles, d’analyser le climat d’investissement et celui de la FinTech dans son ensemble.

Notre objectif consiste à concevoir des programmes d’intervention en faveur des FinTech pour les aider à survivre, à se relever, à se maintenir et à se développer, en visant notamment celles qui s’adressent aux segments à faible et moyen revenu. Nous continuerons de partager nos conclusions avec les régulateurs, les décideurs politiques, les partenaires de l’écosystème et les investisseurs pour permettre aux FinTech d’exercer leur activité aussi efficacement que possible et de jouer un rôle positif pendant la pandémie.

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Cet article a également été publié sur Next Billion le 1er juin 2020.

La FinTech face à la crise – 1ère partie : les difficultés rencontrées par les entreprises FinTech des marchés émergents pendant la pandémie de COVID-19

La FinTech face à la crise – 1ère partie : les difficultés rencontrées par les entreprises FinTech des marchés émergents pendant la pandémie de COVID-19

Akshat PathakAnshul SaxenaSunil Bhat et Anil Gupta, juin 2020

Exploitant les possibilités offertes par la technologie, les entreprises FinTech ont fait la preuve de leur capacité à provoquer des changements de rupture dans les services financiers en vue de servir le marché de masse, et plus particulièrement la clientèle à faible et moyen revenu. L’adoption croissante des smartphones, l’accès plus large à Internet et le développement de la confiance à l’égard de l’utilisation de la technologie leur ont permis de donner naissance à de nombreuses innovations prometteuses. Cependant, même les approches les plus innovantes peuvent ne pas réussir à s’imposer dans une économie paralysée par la pandémie de COVID-19. C’est la raison pour laquelle, alors que le secteur des services financiers se trouve confronté à une incertitude économique croissante, les FinTech sont en train de repenser leur stratégie pour résister à cette crise sans précédent.

Dans cet article, qui est le premier d’une série de deux articles, nous évoquons les difficultés et les opportunités engendrées par la pandémie pour les FinTech des marchés émergents, quelle que soit leur taille, ainsi que les stratégies de survie possibles. Dans le second article, nous examinerons sept approches issues de nos études initiales qui ont été utilisées par ces entreprises pour relever les défis engendrés par la crise.

Des difficultés sans commune mesure, mais aussi des opportunités

Avec plus de 5,7 millions de cas confirmés dans 213 pays et territoires et aucun signe visible de déclin dans de nombreuses régions, l’épidémie de COVID-19 a été un choc à la fois pour l’offre et pour la demande dans l’ensemble de l’économie mondiale. Les gouvernements du monde entier ont mis en place des mesures drastiques de confinement et de distanciation sociale qui, aussi nécessaires qu’elles soient, ont perturbé les chaînes d’approvisionnement et de logistique, entravé la capacité des clients à faire des achats et provoqué un ralentissement mondial de l’accès aux capitaux. L’Organisation internationale du travail estime que la pandémie entraînera une augmentation de 305 millions du nombre de chômeurs dans le monde au cours du 2e trimestre de 2020. Selon la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement, elle réduira le produit économique mondial de 8 500 milliards de dollars sur les deux prochaines années et fera passer 34,3 millions de personnes sous le seuil de pauvreté extrême en 2020. Et il ne s’agit là que de premières estimations.

Ces circonstances sans précédent génèrent toutefois des opportunités inattendues pour les FinTech. Au niveau global, avec la réduction au minimum des interactions entre personnes, nous anticipons un potentiel considérable de croissance de différents services financiers digitaux. Parmi les services digitaux susceptibles de se développer pendant la pandémie, on peut citer les paiements entre particuliers, les paiements marchands, les prêts aux consommateurs et aux entreprises, ainsi que les produits d’assurance vie et d’assurance maladie. La peur, l’anxiété et les mesures de confinement pèseront toutefois sur la confiance des consommateurs et entraîneront un affaiblissement général de la demande. Mais ces obstacles sont aussi l’occasion pour le secteur FinTech de développer des solutions innovantes pour aider les particuliers, les entreprises et les pouvoirs publics à mieux gérer leurs finances et leur vie.

La FinTech peut aider les communautés à faire face à la pandémie de COVID-19

Chez MSC, nous pensons que chaque difficulté est une opportunité. Ce point de vue trouve un écho particulier chez les FinTech, qui sont depuis plus de dix ans à l’avant-garde de la révolution des services financiers. Notre travail et nos partenariats avec des FinTech prometteuses dans le cadre du Financial Inclusion Lab (laboratoire de l’inclusion financière) ont permis d’offrir des services de valeur à plus de 1,5 millions de ménages à faible et moyen revenu en l’espace de moins de deux ans. Cette expérience a renforcé notre conviction que les FinTech ont un rôle crucial à jouer pour relever les défis sociaux et économiques imminents auxquels les communautés à faible et moyen revenu seront confrontées.

Compte tenu de l’ampleur de la pandémie et de son impact potentiel sur les FinTech, le secteur aura besoin d’être reconstruit une fois que la crise commencera à s’atténuer. Pour soutenir ce processus, nous devons d’abord nous plonger dans la gestion financière, commerciale et opérationnelle des FinTech des marchés émergents pour mieux comprendre l’impact de cette crise.

Pour évaluer les difficultés et les opportunités rencontrées par l’écosystème des FinTech, MSC a lancé un projet de recherche thématique couvrant six pays d’Asie et d’Afrique, qui concerne aussi bien les start-ups de petite taille que les acteurs plus importants et mieux établis. Notre recherche est basée des données longitudinales et se déroulera en trois phases couvrant une période de neuf mois : la phase « actuelle », la phase « intermédiaire » et la phase de « reprise ». Elle se focalisera sur le Bangladesh, la Côte d’Ivoire, l’Inde, l’Indonésie, le Sénégal et le Vietnam.

La pandémie remet en question l’existence même des FinTech

Dans ces six pays, nous nous sommes entretenus avec un large éventail de FinTech, d’investisseurs, de décideurs politiques et d’associations professionnelles pour mieux comprendre la nature et l’ampleur des premières répercussions de la pandémie. La soudaineté et l’ampleur de cet événement extraordinaire ont pris les FinTech par surprise. Il remet en cause les stratégies d’investissement, les modèles commerciaux et les réseaux de distribution qui ont alimenté jusqu’à présent leur croissance.

La pandémie de COVID-19 pose cinq défis majeurs aux FinTech :

  1. Un climat de l’investissement affaibli : après avoir atteint des niveaux records jusqu’à la crise, les financements destinés aux FinTech ont commencé à baisser au niveau mondial, qu’il s’agisse du nombre d’opérations ou du montant total en dollars, car les investisseurs envisagent de prendre des mesures de réduction des risques. Certaines sociétés de capital-risque et de capital-investissement des marchés étudiés se demandent ainsi quelles seront les FinTech qu’elles continueront de financer et quelles sont celles qu’elles abandonneront, recherchant la sécurité en transférant les capitaux investis dans des start-ups plus risquées vers des entreprises de plus grande taille mieux établies. Les FinTech qui pouvaient se permettre auparavant de lever des capitaux importants uniquement sur la promesse de leur développement doivent maintenant se focaliser sur la rentabilité et les flux de trésorerie pour gagner la confiance des investisseurs.
  2. Une réponse politique et industrielle en demi-teinte : alors que les sources de financement se tarissent, les FinTech en difficulté risquent d’être obligées de rechercher des collaborations, des prises de participation ou des acquisitions à des conditions qui pencheront très certainement en faveur des bailleurs de fonds. Même si les décideurs politiques et les associations professionnelles travaillent sur des réponses politiques à court et long terme pour aider les FinTech à résister à la crise, ils n’ont pas de mode d’emploi pour les guider et n’ont pas encore fourni d’orientations claires ou de mesures de relance dans ce sens.
  3. Une forte baisse du volume des transactions et des revenus : les marchés couverts par notre étude ont commencé à enregistrer un début de ralentissement économique en raison de la restriction des déplacements, de la baisse de confiance des consommateurs et de la réduction des dépenses des entreprises. Les FinTech qui ont des modèles de revenus basés sur les transactions et les volumes enregistrent une baisse d’activité dans toutes leurs catégories de produits. Il est primordial pour toutes les FinTech de réduire leurs charges fixes en veillant à ce que la majorité de leurs coûts soient des charges variables. Les volumes de transaction en baisse ne pourront plus justifier le coût élevé d’acquisition des clients au moyen de dépenses de marketing importantes ou d’incitatifs liés à la fidélité. Les FinTech doivent repenser leurs stratégies de rétention des clients existants et d’acquisition de nouveaux clients.
  4. Une activité opérationnelle limitée : pour la plupart des FinTech des marchés étudiés, la restriction des déplacements induite par les mesures de confinement a interrompu les activités de terrain. Elle a impacté des processus commerciaux cruciaux, tels que la vérification en personne des nouveaux clients pour les FinTech du crédit et de l’assurance, les opérations de dépôts et retraits d’espèces et de rééquilibrage des encaisses chez les agents pour les acteurs qui dépendent de réseaux d’agents, et la livraison de biens non essentiels pour les FinTech établies. La digitalisation de ces processus et la formation du personnel exigeront des efforts considérables de la part de certaines de ces FinTech.
  5. Une gestion plus difficile des équipes : bon nombre de FinTech, en particulier celles de plus petite taille qui vivent encore de leur capital de départ, ont du mal à maintenir leurs effectifs. Si certaines ont commencé à mettre en place des mesures réduites, comme par exemple des baisses de salaire, d’autres étudient des options plus drastiques, telles que le chômage technique ou les licenciements. Les FinTech plus établies ont du mal à repenser leur mode de fonctionnement interne pour s’adapter au travail à distance et à actualiser leurs politiques pour assurer la sécurité et la couverture maladie de leur personnel.

L’innovation peut aider les FinTech à trouver de nouvelles opportunités

De façon remarquable, les FinTech de l’ensemble de ces marchés émergents se préparent à faire face à ces temps difficiles. Elles adaptent par exemple leur activité et leurs modèles commerciaux en éliminant des charges variables comme les recrutements ou le marketing. Elles préservent également leur trésorerie et leurs capitaux de réserve en réduisant leurs frais fixes, comme par exemple la location de bureaux. Certaines ont mis au point de nouveaux outils et services pour l’acquisition et l’enregistrement de clients à distance, tandis que d’autres proposent des services existants avec des ajustements innovants.

C’est le cas de PayAgri, une agro-FinTech indienne qui fait partie du Financial Inclusion Lab (laboratoire de l’inclusion financière), une structure gérée conjointement par CIIE.CO et MSC. Ces dernières semaines, l’équipe de PayAgri a travaillé 24h/24 pour remplir sa mission : offrir des passerelles commerciales et financières aux agriculteurs et aux organisations de producteurs agricoles. Alors que la plupart des autres start-ups perdent chaque jour des clients, les agriculteurs qui forment la clientèle de PayAgri ont plus que jamais besoin de celle-ci. Depuis le début de l’épidémie en Inde, le cycle de paiement des acheteurs de produits agricoles est passé de sept jours à zéro (« cash and carry ») tandis que PayAgri maintenait sa pratique de payer les agriculteurs au comptant au moment de l’enlèvement des produits, à un prix de marché équitable. Cela représente une valeur ajoutée extrêmement précieuse pour les agriculteurs avec lesquels elle travaille dans cette période difficile. De plus, contrairement à de nombreuses autres FinTech qui ont licencié leur personnel ou l’ont mis au chômage technique, PayAgri prévoit d’embaucher des effectifs supplémentaires. L’entreprise espère ainsi servir davantage d’agriculteurs, avoir davantage d’idées commerciales innovantes et développer son activité dans les mois et les années à venir.

Comme PayAgri, un nombre croissant de FinTech, grandes et petites, réfléchissent et évoluent pour servir plus efficacement les communautés à faible et moyen revenu alors que la pandémie suit son cours. Mais pour rester viables et améliorer leur résilience, ces entreprises doivent réduire leurs coûts, gérer la pénurie de fonds de roulement, retenir leurs collaborateurs dans un environnement plus difficile tout en continuant à innover.

Dans le second article de cette série, nous examinerons sept approches adoptées par les FinTech pour relever les défis engendrés par la crise de la COVID-19.

Cet article a également été publié sur Next Billion le 1er juin 2020.

Focus de la GSMA sur les Services Financiers Digitaux

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